Le colonel Olrik a toujours été secrètement le personnage préféré du dessinateur Edgar P.Jacobs. Bien sûr, le créateur de nos deux aventuriers britanniques ne l’a jamais dit clairement.
Mais il faut bien avouer que Blake et Mortimer se sentiraient bien seuls sans l’infâme Olrik, ce si séduisant méchant, cette âme damnée qui toujours va chercher à contrecarrer les plans de nos preux chevaliers sortis d’une Angleterre éternelle.
C’est exactement ce que le scénariste Jean Dufaux a souhaité faire dans son diptyque L’Onde Septimus et Le Cri du Moloch, album qui paraît le 20 novembre prochain, aux éditions Blake et Mortimer et dont nous dévoilons en exclusivité la bande-annonce.
Olrik, l’ange déchu de la saga
«Pour moi, La Marque jaune est un chef-d’œuvre absolu, résume le scénariste de la série Jessica Blandy. C’est pour cette raison que j’ai voulu revenir sur Olrik. J’ai trouvé que les albums qui ont repris le personnage d’Olrik après Jacobs ont un peu minoré son aura. J’ai ressenti moins de force chez lui, j’ai parfois trouvé que c’était devenu un méchant de carton-pâte. Il ne faisait plus peur. Alors que moi, j’aime avoir peur de lui. Selon moi, il brille par son cynisme, son élégance et son intelligence. J’ai ainsi voulu retravailler ce personnage et lui rendre tout son mystère et son charisme sulfureux…»
Ainsi dans Le Cri du Molok, Olrik retrouve tout le lustre d’un personnage théâtral. Héraut du désordre, prince du mal, gangster notoire, il a été l’homme de main des grands dictateurs. Mais ici, il pourrait bien basculer du côté lumineux de la force…
Car même si ce «Colonel» pour la galerie est l’incarnation du mystère, l’épigone négatif d’un Arsène Lupin dont il partage la fascination pour le travestissement, il est également un protagoniste riche et complexe. Digne d’être réhabilité? Car il semble bien que le grand méchant de cet album soit Moloch, un nom d’origine phénicienne signifiant «Celui qui règne». Dans la démonologie chrétienne, Moloch est devenu un prince de l’Enfer.
Le distingué Olrik n’en est pas encore là. Son physique racé n’est pas sans évoquer celui de son créateur, Edgar P. Jacobs, qui a même fini par laisser percer sa fascination pour le personnage à la fin de sa vie. Et cela, même s’il a eu à subir tous les outrages de son créateur.
Dans Le Mystère de la Grande pyramide, Olrik est condamné à errer dans le désert égyptien après que Mortimer a proféré une incantation restée célèbre : «Par Horus demeure!» Dans La Marque jaune, il est également réduit à l’état de cobaye (guinea pig) par le professeur Septimus. Jacobs en fait ainsi le véritable ange déchu de sa grande épopée. Le trio Dufaux, Cailleaux et Schréder semble vouloir mettre fin à cette malédiction dans Le Cri du Moloch. Et si cet ange déchu d’Olrik parvenait à se rédimer ? Mystère…
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