Un pas de plus vers sa démolition, la Chapelle Saint-Joseph à Lille ne sera pas classée


En juin 2020, Franck Riester, ancien ministre de la Culture, avait réclamé la suspension du projet de démolition de la chapelle Saint-Joseph à Lille, afin d’étudier une possible solution de réhabilitation. Cinq mois plus tard, le sort de cette chapelle XIXe semble scellé. Dans une lettre envoyée à l’un des opposants à cette destruction, et publiée par le site de La Tribune de l’Art, le directeur général des Patrimoines estime que « l’intérêt architectural » de l’édifice, dont le style est qualifié « d’éclectique », n’est pas « suffisant pour justifier un classement au titre des monuments historiques ». Autrement dit, rien, et surtout pas la ministre de la Culture au nom de laquelle le directeur s’exprime, ne s’oppose plus au projet de démolition de ce patrimoine catholique lillois.

« À l’heure où les symboles de la religion catholique sont victimes d’actes de vandalisme et de profanations en tout genre, il nous semble inconcevable que les catholiques eux-mêmes proposent de telles destructions »

Communiqué d’Urgences Patrimoine

Le monument, bâti en 1886, est l’ancienne chapelle du collège Saint-Joseph, fondé par des jésuites. Elle forme un ensemble avec d’autres bâtiments du collège, dus à l’architecte Mourcou. On doit également à ce dernier le Palais Rameau, à Lille, lui-même classé et qui se trouve dans le périmètre. Mais cet héritage «cogne» avec le projet de projet de campus, conduit par Yncréa Hauts de France (recouvrant trois écoles, HEI, ISA et ISEN Lille et membre de la FUPL, dite « la catho »). Présenté comme un projet d’envergure, il prévoit 40.000 m2 de locaux d’enseignement, dont 22.000 m2 de locaux neufs, et un investissement de près de 128 millions d’euros.

En mai 2019, le permis de démolir de la chapelle, déposé par l’Université catholique avec l’agrément de l’architecte des Bâtiments de France, a été signé par la mairie. À peine connue, cette décision a soulevé un vague d’indignation de la part des associations de patrimoine, avec Stéphane Bern en tête des contestataires. «Il n’est pas question de s’opposer au progrès et la créativité. Mais la destruction est-elle forcément une condition sine qua non de l’avenir ?», s’est interrogé Sites et Monuments, tandis qu’Urgences patrimoine, par qui le scandale est arrivé, grinçait : « À l’heure où les symboles de la religion catholique sont victimes d’actes de vandalisme et de profanations en tout genre, il nous semble inconcevable que les catholiques eux-mêmes proposent de telles destructions.»

Une pétition avait permis de semer le doute chez Franck Riester. La nouvelle ministre, qui avait pourtant réclamé une plus grande attention au patrimoine du XIXe siècle, lors de la présentation du futur classement de la Basilique du Sacré-Cœur, semble avoir pris une autre direction.

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