Laurent Garnier regrette le «mépris incompréhensible» de Roselyne Bachelot pour le monde de la nuit


Le monde de la nuit n’attend qu’une lueur d’espoir. Dans une lettre ouverte adressée à Roselyne Bachelot, le DJ français Laurent Garnier regrette que les clubs et autres boîtes de nuit ne fassent pas partie du monde de la culture. «Après tout, quand je suis sur scène, derrière des platines, tel un comédien, un musicien ou un danseur, j’ai l’impression de livrer, moi aussi, des prestations vivantes», explique l’artiste désappointé.

Si certaines activités, telles que les salles de cinéma ou la restauration, ont pu profiter des moments de répits lors de la pandémie de coronavirus, ce n’est pas le cas du secteur de la nuit et des clubs. «Pour nous la fête est terminée, et ce depuis maintenant huit longs mois, regrette Laurent Garnier. Les clubs emploient pourtant la même pléiade de personnels divers et variés que dans le reste du paysage culturel.» Le DJ français met aussi en avant la diversité des emplois ainsi que l’impact économique indirect au travers des fournisseurs, de la restauration et de l’hôtellerie. «La liste est longue, mais surtout très similaire à celle du spectacle vivant», rappelle-t-il.

Officier des Arts et des Lettres, chevalier de la Légion d’Honneur, le musicien raconte sa désillusion en pensant que les platinistes avaient gagné leurs places dans le monde du spectacle vivant. En réalité, le monde de la nuit n’est pas soumis à l’autorité de la ministre de la Culture, mais bien à celle du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Lors de son intervention sur France 2, Roselyne Bachelot a annoncé l’injection de 115 millions d’euros supplémentaires pour soutenir le spectacle vivant et les cinémas. Concernant la répartition de ce montant, Laurent Garnier y voit surtout un déséquilibre flagrant entre «patrimoine et culture d’aujourd’hui, entre Paris et régions, entre culture classique et émergence, entre les grandes maisons de la capitale et le maillage territorial des indépendants». Quant à l’espace culturel de la nuit, il a été «totalement ignoré».

Attention à ce que la déception ne se transforme pas en colère. «Le manque flagrant de considération et l’ignorance émanant de votre ministère envers le secteur de la nuit et des clubs est clairement interprété par beaucoup d’entre nous comme une forme de mépris incompréhensible, constate Laurent Garnier. La culture nocturne et les clubs bouillonnent «de création, d’imagination et de partage. Que vous le vouliez ou non».

L’arrivée de la ministre semblait être de bon augure pour le monde de la nuit selon le DJ. «J’avoue qu’aujourd’hui, ne sachant plus très bien si je suis un “artiste du spectacle mort”, un “artiste de l’intérieur”, ou “pas un artiste du tout”, je commence à avoir de sérieux doutes» révèle-t-il.

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