Paris veut célébrer Gisèle Halimi, soldate de la cause féministe et de l’indépendance de l’Algérie


Les élus parisiens souhaitent honorer la mémoire de Gisèle Halimi. L’avocate, qui a consacré sa vie à la cause des femmes et au droit à l’avortement, est décédée le 28 juillet à l’âge de 93 ans. Le Conseil de Paris, dans un vœu adopté à l’unanimité, appelle à ce que «la dénomination Gisèle Halimi soit attribuée à un espace public de Paris». La Ville demande également «au chef de l’État que Gisèle Halimi repose au Panthéon, aux côtés notamment de Simone Veil, et des grands hommes et femmes ayant mérité la reconnaissance nationale».

Selon Hélène Bidard, conseillère PCF de Paris, cette idée d’honorer Gisèle Halimi est née «tout naturellement». «En plus du processus de féminisation des noms de lieux et de l’espace public enclenché à Paris depuis quelques années, nous voulons honorer des personnalités féministes», explique l’élue. «Gisèle Halimi est une figure importante tant par sa lutte contre le colonialisme que celle pour le droit des femmes», ajoute Laurence Patrice, adjointe à la Mémoire et membre elle aussi du groupe Communiste et Citoyen.

Laurence Patrice, qui préside la commission de désignation des lieux de la ville, va prendre contact avec la famille de Gisèle Halimi. «Il reviendra à cette commission de réfléchir au lieu que l’on pourrait proposer, en concertation avec la famille», explique-t-elle.

Une panthéonisation «logique»

Deuxième volet du vœu adopté en conseil de Paris, la panthéonisation. La conseillère de Paris PCF Raphaëlle Primet juge qu’au Panthéon, «il n’y a pas assez de femmes et de personnes que l’on considère comme progressistes». «Nous nous sommes dit qu’au vu de sa carrière et ce qu’elle avait gagné pour le droit des femmes – notamment l’IVG – qu’il serait tout à fait logique qu’elle rejoigne Simone Veil au Panthéon», confirme Hélène Bidard.

«Ce serait une bonne chose, pour ce qu’elle a apporté à la condition des femmes. Nous ne pouvons que porter cette demande auprès de l’État», estime Laurence Patrice. La panthéonisation est en effet une prérogative du président de la République. Beaucoup plus longue, cette instruction n’est donc pas du ressort des élus ayant porté le vœu en Conseil de Paris. «Nous allons écrire au gouvernement en transmettant le vœu de la ville de Paris», précise néanmoins Hélène Bidard.

En attendant que l’idée soit étudiée au plus haut sommet de l’État, quel lieu parisien pourrait prendre le nom de Gisèle Halimi ? «Nous n’avons pas encore identifié d’endroit précis, nous allons prendre le temps de la concertation, pour trouver un lieu qui ait du sens et qui soit joli», explique Hélène Bidard.

Trouver le «lieu adéquat»

L’hypothèse d’une rue Gisèle-Halimi est toutefois peu probable, la politique de la ville de Paris étant de ne pas débaptiser les rues. Les équipements publics offrent plus de possibilités. «Il y en a encore un certain nombre à ne pas avoir de nom propre, ils portent le nom de la rue où ils sont, explique Hélène Bidard. La conseillère de Paris s’interroge : «Est-ce que ce sera là où elle a vécu ? Quelque chose en lien avec ses combats ?»

«Ça pourrait être un jardin, un établissement public, imagine Laurence Patrice. Je souhaite que chaque dénomination ait un sens, donc il nous faudra trouver le lieu adéquat, qui conviendra à la stature de Gisèle Halimi, à son parcours.»

Ce vœu pourrait ainsi mettre du temps à s’exaucer. Les élues sont du même avis : rien ne sert de précipiter les démarches. D’autant que les restrictions liées à la crise sanitaire empêchent à ce jour la tenue d’une cérémonie. «Nous le ferons lorsque nous pourrons rassembler beaucoup de monde, prévoit l’adjointe à la mémoire. Nous donnerons un écho à cette cérémonie pour qu’il y ait une adhésion des Parisiens et des gens qui ont de près ou de loin travaillé avec Gisèle Halimi.»

Tout en réfléchissant à la meilleure façon d’honorer la militante féministe, les élues du groupe communiste et citoyen songent à honorer bientôt une autre grande dame disparue récemment, Juliette Gréco.

.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*