Avec des affiches de films pour voisin dans la salle de ciné, la Corée du Sud lance le festival de Busan


C’était inespéré. Le Festival international du film de Busan (BIFF) s’est ouvert mercredi en Corée du Sud. Dans le contexte de la crise sanitaire, avoir maintenu la 25e édition du plus grand événement cinématographique d’Asie est déjà une victoire. Ailleurs dans le monde, le coronavirus a contraint nombre d’événements à migrer en ligne quand ils n’étaient pas purement et simplement annulés, comme Cannes. Dans un élan de solidarité, le BIFF montrera d’ailleurs plusieurs dizaines de films labellisés «Cannes 2020» qui, alors qu’ils appartenaient à la sélection officielle, n’ont pas pu être projetés au printemps sur la Croisette.

En temps normal, c’est une cohorte de vedettes, de professionnels du monde du cinéma et de fans qui font le voyage dans la ville portuaire du sud de la Corée du Sud pour les 10 jours du festival. Le 25e anniversaire du festival aurait dû être l’occasion de célébrer le triomphe aux derniers Oscars du film Parasite du Sud-Coréen Bong Joon-ho. Mais la fête est gâchée par le risque sanitaire. Il n’y aura ni cérémonie d’ouverture, ni défilé glamour sur le tapis rouge, ni soirées «after», ni événements extérieurs pour le grand public.

Le cinéma est un art qui requiert de grands écrans

Nam Dong-chul, directeur de la programmation du BIFF

La programmation a été revue à la baisse, avec une réduction de 80% du nombre de projections. Environ 190 films seront projetés une seule fois, alors qu’en temps normal 300 œuvres le sont plusieurs fois. Les salles ne pourront accueillir qu’un quart du public et le masque sera obligatoire.

«Nous faisons de notre mieux pour proposer l’essentiel, tout en suivant les règles de sécurité contre le Covid-19, a déclaré à l’AFP le directeur de la programmation du BIFF, Nam Dong-chul. Le plus important pour les festivals est de projeter des films dans des salles, car le cinéma est un art qui requiert de grands écrans».

Pas d’étrangers

Les organisateurs ont prévu 45 rencontres associées à des projections, mais seuls des réalisateurs et acteurs sud-coréens y participeront. Séoul impose à la plupart des voyageurs une quarantaine de deux semaines, ce qui complique toute visite ponctuelle. Aucune invitation n’a donc été envoyée à des personnalités étrangères. Certaines, néanmoins, participeront par vidéoconférence. Un compromis qui n’est pas du goût de tous.

«Depuis le début de l’épidémie, j’ai participé à un certain nombre de discussions en ligne sur des films. Je peux dire que c’est horrible», peste la réalisatrice Kim So-young, qui n’a raté aucune des dix dernières éditions du BIFF. «La connexion avec les spectateurs ne se fait pas comme elle a lieu dans un cinéma, notamment au moment où les lumières se rallument», raconte-t-elle en détaillant «ce sentiment si particulier qui vient de la conscience d’être en présence de gens qui viennent juste de voir votre film».

Le BIFF propose cependant 70 premières mondiales, et notamment, en ouverture, le très attendu Septet : The Story of Hong Kong, un film à sketches dans lequel le Hongkongais Johnnie To a demandé à six autres réalisateurs de se pencher sur leurs souvenirs d’enfance et de présenter une vision de leur ville, à l’industrie cinématographique naguère florissante.

Hommage au cinéma hongkongais

Poignante, l’anthologie rend hommage aux décennies fastes du cinéma hongkongais et tombe à point nommé, au moment où les libertés locales sont remises en cause par la reprise en main musclée de Pékin. Le film faisait partie de la sélection officielle de Cannes.

«En se penchant sur le passé de ces cinéastes, on se projette sur le futur incertain de Hong Kong, explique le comité de sélection de Cannes sur son site internet. C’était l’année ou jamais pour montrer ce film à sketches».

Dans sa riche sélection, le BIFF, qui s’achèvera le 30 octobre, proposera une vingtaine d’autres œuvres labellisées «Cannes 2020» que le coronavirus a privées de Croisette. Seront ainsi projetés Été 85, de François Ozon, Ibrahim de Samir Guesmi, Rouge, le film de Farid Bentoumi sur les salariés des usines qui polluent ou encore Falling, drame familial qui marque le passage à la réalisation de l’acteur américano-danois Viggo Mortensen.

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