L’Opéra de Paris joue la carte des solos et des duos face au coronavirus


Dans un Palais Garnier encore en travaux, les étoiles dansent sur une avant-scène érigée pour l’occasion. Une sélection sublime de chorégraphies du XXe siècle.

C’est dans une configuration tout à fait particulière que les étoiles de l’Opéra de Paris se produisent à partir de lundi. En effet, les cintres de la scène de l’Opéra Garnier étant en travaux jusqu’à fin décembre, les machinistes ont construit une sorte d’avant-scène au pied du rideau de fer (ce rideau de sécurité qui sépare la scène de la salle) par-dessus la fosse d’orchestre et les quatre premiers rangs du parterre. Les musiciens, piano et violoncelle, sont quant à eux installés au milieu des spectateurs. Pour seul décor – travaux obligent — les premières loges avec leurs dorures côté jardin et côté cour au-dessus de la fosse. C’est ici que les étoiles présentent sept ballets du XXe siècle. Des ballets de quelques minutes qui sont comme un voyage de la danse classique à la danse contemporaine en passant par le néoclassique.

Si le pas de deux de John Neumeier extrait de la Dame aux camélias, fort bien interprété par Laura Hecquet et Mathieu Ganio, paraît dater du XIXe siècle alors qu’il a été chorégraphié en 1978, les autres pièces sont d’une modernité exceptionnelle et ont réussi à traverser les décennies sans vieillir. Ainsi La Mort du cygne, chorégraphiée par Mikhaïl Fokine en 1905 pour Anna Pavlova et dansée ici par Sae Eun Park. On réalise alors à quel point la danse classique peut être la quintessence de l’épure. Et que dire du pas de deux de Hans van Manen, grand maître flamand du néoclassique, sur les Trois Gnossiennes d’Erik Satie ! On est sidéré par ce duo d’une rare intelligence gestuelle que dansent sublimement Ludmila Pagliero et Hugo Marchand. On applaudira aussi le solo – reconnaissable entre tous – de Martha Graham où, assise sur un banc, une danseuse, ici Émilie Cozette, se joue de son costume comme d’une seconde peau.

Le spectacle, qui débute avec un solo de Alastair Marriott sur une musique de Debussy dansé tout en finesse par Mathieu Ganio, a une apothéose : Herman Schmerman, soit la chorégraphie que William Forsythe a créée en 1992 pour le New York City ballet, avec des costumes de Gianni Versace. Une prouesse à la fois technique et artistique que seuls des danseurs ayant un niveau de classique exceptionnel peuvent interpréter, ce qui est le cas ici avec Hannah O’Neil et Vincent Chaillet. Jusqu’à fin octobre, c’est l’occasion rare d’une superbe soirée tout en grâce et apesanteur.

Palais Garnier jusqu’au 29 octobre.

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