Noiret avant Noiret, du TNP de Jean Vilar a l’Écluse


Disparu en 2006, Philippe Noiret a incarné plus de 300 personnages au théâtre et au cinéma. En revanche, ses apparitions à la télévision sont beaucoup plus rares.

À ses débuts, dans les années 50/60, il figure au générique de quelques dramatiques, parmi lesquelles Cyrano de Bergerac, Macbeth et l’émission En votre âme et conscience. Bien avant Les Ripoux, il fait aussi une courte apparition dans Le prix du silence le premier des 39 épisodes de L’inspecteur Leclerc enquête, un feuilleton dont Philippe Nicaud est la tête d’affiche.

Ces seconds, voire ces troisièmes rôles sont essentiellement alimentaires. Sa principale activité est beaucoup plus prestigieuse. En 1953, après une formation, en particulier au Centre Dramatique de l’Ouest, il passe une audition pour entrer dans la troupe du prestigieux Théâtre National Populaire. En l’absence de Jean Vilar, le fondateur du TNP, il est reçu par Gérard Philipe, qui croit en son avenir et donne son feu vert à son engagement. Pendant sept ans, au Palais de Chaillot, et au Festival d’Avignon, Philippe Noiret va se retrouver à l’affiche des grands classiques du répertoire, de Dom Juan à L’école des femmes en passant par Le Cid et Le mariage de Figaro.

Son arrivée coïncide avec celle de Jean-Pierre Darras, devenu un ami sur les bancs de l’école de théâtre. Pour se détendre et faire rire leurs camarades entre deux répétitions particulièrement intenses, ils imaginent des sketches délirants qu’ils interprètent comme s’ils jouaient Molière, Racine ou Corneille. Forts d’un accueil enthousiaste, ils décident de se produire au-delà des murs du TNP. Engagés à L’Écluse, le cabaret où Barbara chante tous les soirs, ils passent de la plus grande scène parisienne à la plus petite. Ils triomphent , en particulier, avec Rien de nouveau sous le soleil, où ils créent un Louis XIV désopilant.

Très vite, ils sont demandés partout. C’est ainsi que lorsque le rideau tombe à Chaillot, ils s’engouffrent dans le métro pour se rendre à la Villa d’Este, aux Champs-Élysées, ou à L’Échelle de Jacob, à Saint-Germain-des- Prés. Ils deviennent «vedettes américaines» à Bobino et à l’Olympia. Ils écrivent aussi des sketches originaux pour «Dimanche dans un fauteuil», une émission diffusée sur Paris-Inter, le futur France-Inter. Ils sont enfin repérés par Denise Glaser, la productrice de «Discorama». Elle leur propose d’animer quelques séquences de son émission, en conservant ce ton anti-conformiste qui fait leur originalité. Darras et Noiret vont interviewer, à leur manière, Dalida, Line Renaud, Serge Gainsbourg, Léo Ferré et un débutant au sourire timide, Johnny Hallyday.

Au bout de quatre ans, Noiret décide de mettre un terme à l’aventure. Il craint, en faisant rire, de tomber dans la facilité. Il veut désormais se consacrer essentiellement à des rôles dramatiques. «Pour retrouver, déclare-t-il alors, la sensibilité, les nuances, le calme intérieur qui sont l’exercice profond du comédien.»

Retrouvez ici les mots de Philippe Noiret à propos de Gérard Oury et du tournage de «Fantômes avec chauffeur». Abonnement gratuit sur Madelen deux mois, puis 2,99 euros par mois.

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