les secrets du film sur Mylène Farmer


Les documentaires sur les concerts de star sont à la mode. Une semaine après celui de Florent Bodin sur Maître Gims (Netflix), voici celui de Mathieu Spadaro sur le show démesuré ambiance fin du monde de Mylène Farmer en juin 2019 à Paris Défense Arena. Un spectacle vu par 27 000 fans par soir (il y en avait neuf au total) et bourré de références, de la célèbre série de HBO Game of Throne à Blade Runner de Ridley Scott. Le documentaire en trois parties de 45 minutes à voir sur Amazon prime immerge le spectateur dans les coulisses de cette création hors norme. Les fans seront comblés. Ce nouveau film intitulé «Mylène Farmer, l’ultime création», est complémentaire du concert filmé déjà disponible en DVD . Ceux qui connaissent moins l’univers de la chanteuse s’y retrouveront aussi. Voir la création d’un show des costumes aux effets spéciaux en passant par les chorégraphies et les lumières (le plus gros budget jamais utilisé en Europe) est passionnant. Interview.

LE FIGARO .- Comment avez-vous réussi à garder le secret aussi longtemps sur ce film ?

Mathieu SPADARO .- Ce documentaire s’est fait en tout petit comité. J’étais seul avec ma caméra de cinéma. Je n’ai pas vu de fans autour des répétitions à la Seine Musicale dans l’Ouest parisien. Il y en avait par contre autour de Paris Défense Arena pendant les filages mais ma présence n’a pas été suffisamment notée pour susciter l’interrogation. Le premier jour des répétitions, Mylène Farmer est venue me voir et m’a dit : «Tu as carte blanche. Tu peux me suivre partout et filmer comme tu veux. Tu fais le film que tu as envie de regarder.»

A-t-elle participé à la réalisation, au montage ?

Nous avons travaillé en deux temps. J’ai proposé quelque chose de 100% moi. Après un an de montage, on s’est retrouvé à la fin et elle est intervenue pour poser sa voix off. Cette voix est le fil rouge du documentaire.

Comment avez-vous découpé votre film ?

Il y a une vraie évolution entre les épisodes. Dans le premier, avec ses seize danseurs, elle se réapproprie ses chorégraphies, ses chansons arrangées spécialement pour le show. On la voit en studio en répétition. Dans le deuxième, elle découvre la salle incroyable qu’est Paris Défense Arena et ce qu’elle a imaginé avec ses équipes pour le show. Dans le dernier épisode, l’excitation monte mais l’appréhension aussi.

Vous démarrez avec une longue séquence sur un cabinet de curiosité et une ambiance Game of Throne . Où avez-vous tourné cela ?

Chez elle, dans son jardin , sa chambre, son salon. Je m’y suis promené, j’ai filmé les objets les plus marquants, la sculpture de son grand-père, un enfant qui plonge sa main dans un crâne, des cadeaux de fans… C’était très sympathique, on se baladait et elle me racontait les anecdotes liées à chacun d’eux. Ce n’est pas une mise en scène, elle a vraiment un squelette dans son jardin. L’idée était d’avoir tout de suite une sorte de préface, quelque chose de plus personnel, plus intime qui raconte son univers et ses références.

Combien d’heures de rush avez-vous ?

Si quelqu’un veut regarder toutes mes images, il en a pour trois semaines sans dormir (rires). J’ai filmé au kilomètre, sans m’arrêter pour in fine prendre le meilleur du meilleur. J’ai filmé avec une Red, une vraie caméra de cinéma. Il y a eu de vrais challenges comme recréer le concert en le filmant avec neuf axes différents pendant les neuf soirs.

On retrouve des images du concert filmé projeté au cinéma et disponible en DVD ?

Aucune. Toutes mes images sont exclusives. C’est une autre équipe qui a filmé le concert. Pour le fan, voir les deux films est très complémentaire.

C’est quoi ce «check check check » qui rythme le film ?

C’est une private joke avec Mylène Farmer. Nous avions créé ce petit test et l’avons conservé comme un gimmick récurrent qui vient clore les différentes séquences.

On passe des répétitions à la scène en un éclair…

Oui, l’idée est de montrer pourquoi il y a tout ce travail. Vers quoi Mylène Farmer et ses équipes veulent aller dans la création artistique. C’est une forme de clin d’œil. On ne voit jamais une chanson en entier.

Mylène Farmer a-t-elle posé parfois un veto ?

Jamais. Elle m’a répété que j’avais carte blanche. Je devais faire le film que j’avais envie de voir. Je ne l’ai jamais consulté. Il y a juste eu des ajustements à la marge en termes de rythme et sa voix off à la fin ajoutée comme une dernière touche sur la toile.

Pourquoi intervient-elle via une voix off et pas des interviews ?

Filmer des interviews est la forme classique des documentaires sur les coulisses d’un concert. On a voulu prendre le contre-pied, créer un documentaire hybride, une sorte de voyage en immersion à ses côtés. Et puis les interviews, elle n’en donne quasiment jamais. Cela aurait été bizarre.

Qu’avez-vous retenu de l’ambiance pendant les répétitions à la Seine Musicale puis pendant les shows à Paris Défense Arena ?

C’était extraordinaire de voir tout ce travail de création. Ce qui m’a vraiment frappé, c’était d’avoir une famille devant moi. Certains ont l’habitude de travailler avec Mylène Farmer depuis des années, d’autres étaient nouveaux. Mais tous sont là pour l’entourer, la protéger, aller dans son sens et créer ensemble. Il y avait beaucoup de cohésion. Elle est au centre de tout, elle est très aimée. Elle a un incroyable leadership naturel. Une aura impressionnante. J’ai découvert quelqu’un de très humain, accessible, bienveillante en permanence. Voir travailler ensemble une équipe internationale avec beaucoup d’Américains et des Britanniques.

Vos moments préférés pendant le tournage ?

Être sur scène pendant les filages. C’était incroyable à vivre. J’adore aussi filmer les costumes. C’est très poétique, dans le détail de l’artisanat. Enfin, il y a ce moment avec Mylène Farmer sur la passerelle à 40 mètres du sol au début du show, où on a le même ressenti qu’elle.

Porte-t-elle une perruque sur le show ?

Bien sûr que non, ce sont ses vrais cheveux. Ils ont juste un roux plus flamboyant que d’habitude. J’en suis absolument sûr, j’étais dans son cou avec ma caméra !

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