The Nest avec Jude Law triomphe au Festival américain de Deauville


Palmarès sans appel au Festival du cinéma américain de Deauville. L’heureux lauréat va devoir dégager beaucoup d’espace sur son étagère… Au terme d’une compétition soutenue, le jury de Vanessa Paradis a décerné son grand prix au thriller psychologique de Sean Durkin, The Nest qui dépeint les tensions au sein d’un couple mis à mal par un déménagement transatlantique. Le film, qui avait été présenté à Sundance en début d’année, repart aussi avec le prix de la critique et le Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation 2020. Reste à espérer que cela encouragera le distributeur SND à réserver une sortie en salle à ce huis clos jubilatoire.

Dans The Nest , qui marque le retour derrière la caméra de l’auteur de l’acclamé Martha Marcy May Marlene, Jude Law incarne Rory, un ex-courtier, qui déracine sa famille new-yorkaise à la campagne britannique. Nous sommes dans les années 80. De part et d’autre de l’Atlantique, Reagan et Thatcher sont au pouvoir et l’argent est roi. Rory rêve et respire spéculation, quitte à en perdre la tête et à ignorer la souffrance de sa femme, sa fille et leur petit garçon perdus dans l’austère manoir où il les a installés. Pas sûr qu’on aurait aimé être confiné dans cette bâtisse. Elle permet au réalisateur d’instiller une ambiance gothique propice aux sursauts.

Beauté et rudesse d’une vie de pionniers

Sean Durkin brosse un portrait au vitriol d’un mariage dysfonctionnel qui survit grâce à ses mensonges et ses insultes. Et explose les tabous de la vie à deux. À commencer par les finances. Parfait salaud mythomane, obsédé par l’idée d’effacer ses origines populaires et d’en imposer aux riches, Jude Law incarne l’allégorie parfaite de la masculinité toxique. En face, la prodigieuse Carrie Coon (The Leftovers) fait plus que le poids. Elle n’est pas une épouse rangée et rend humiliation pour humiliation. La bienséance anglaise en prend un coup et The Nest a un parfum vénéneux qui fleure bon Qui a peur de Virginia Woolf ?

Vanessa Paradis et son équipe ont également accordé deux prix du jury. Le premier au western minimaliste et sylvestre First Cow de Kelly Reichardt (Wendy & Lucy) qui raconte, dans l’Oregon du début du XIXe siècle, les convoitises mais aussi le bonheur et les amitiés inattendues que peut susciter une vache laitière. Lancinante et poétique, la caméra s’attarde dans des cabines exiguës et des forêts obscures pour mieux suggérer l’espoir, la rudesse et la solidarité de cette vie de pionniers. Le second lauréat du prix du jury revient au poignant Lorelei de Sabrina Doyle. La rédemption d’un ancien taulard et de son amour de jeunesse, «héroïne imparfaite qui a ses propres rêves et n’est pas là pour aider l’homme», selon la réalisatrice.

Mon oncle Frank plébiscité par le public

Outre The Nest, le jury de la Révélation, présidé par Rebecca Zlotowski, a décerné le trophée de la mise en scène au fabuleux The Assistant de Kitty Green. Soit une journée dans la vie de l’assistante d’un nabab d’Hollywood qui se rend compte que son patron commet mille et uns abus. Un portrait subtil et cynique des rapports de force dans le monde du travail. Le tyran n’apparaît jamais à l’écran, où évolue une flamboyante Julia Garner, somnambule et sous pression. L’absence de The Assistant au palmarès aurait été un crève-cœur. Comme c’est le cas pour le remarquable Shiva Baby d’Emma Seligman.

Sans surprise le prix du public est revenu au très réussi et drôle Mon oncle Frank , qui a réussi à devancer l’autre favori «feel-good» de la compétition, Minari . Alan Ball, créateur de Six Feet Under, s’inspire de son histoire familiale et de son propre coming out pour raconter le road-trip en 1973 d’un professeur de littérature qui finit par avouer son homosexualité à ses proches. Paul Bettany impressionne dans ce rôle à fleur de peau.

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