Mort de Toots Hibbert, voix légendaire du reggae jamaïcain


La Jamaïque porte le deuil. Le pionnier du reggae Toots Hibbert est mort vendredi 11 septembre à Kingston, à l’âge de 77 ans. La cause du décès n’a pas été précisée, relate l’AFP, mais Toots Hibbert avait été admis à l’hôpital où il «attendait les résultats d’un test au Covid-19», selon les mots de son entourage. Des «complications respiratoires» avaient ensuite nécessité un coma artificiel.

Toots Hibbert, de son vrai nom Frederick Nathaniel Hibbert, naît le 8 décembre 1942, à May Pen dans une famille de huit rejetons. Il passe son enfance dans cette ville du centre de la Jamaïque. C’est en chantant dans la paroisse locale que le garçon découvre sa passion pour la musique. À la fin des années 1950, après la mort de ses parents, il déménage dans la capitale, Kingston. Là-bas, à côté de son petit boulot de coiffeur, il s’associe à deux autres chanteurs : Henry «Raleigh» Gordon and Nathaniel «Jerry» Mathias. The Maytals est né. En 1964, ils sortent leur premier album, très inspiré par les rythmes du gospel : I’ll Never Grow Old.

L’invention du nom «reggae»

En 1968, Toots Hibbert et ses compères chantent Do the Reggay. L’acte de naissance officiel, sans en être l’invention, de ce genre au rythme bien reconnaissable, évolution du ska et du rocksteady alors si populaires sur l’île. L’importance donnée à la voix y est accrue, celle des claviers aussi. Pour créer le mot «reggae», Toots Hibbert dit s’être inspiré, sans trop réfléchir, du mot d’argot «streggae», qui désigne un homme ou une femme mal habillé.

Le succès des trois garçons s’accroît sur l’île. Jusqu’à l’avènement de Bob Marley, ils sont le principal groupe de reggae en Jamaïque. En 1969, le groupe sort son tube Pressure Drop, qui sera utilisé dans The Harder They Come. Film policier qui contribue grandement à la diffusion du reggae aux États-Unis. Bientôt, The Maytals jouent sur la scène du Roxy Theatre de Los Angeles, donnent des concerts un peu partout en Amérique et en Europe. L’album Funk Kingston de 1973 marque pour eux le début d’une florissante décennie.

Le maître Otis Redding

Les deux qui suivirent le furent moins. Le groupe se sépare en 1981 après le disque Knock Out. Il faut attendre 1998 pour que Toots Hibbert retrouve un certain succès, grâce à l’album Ska Father. En 2005, True Love, compilation de tubes historiques chantés en duo (avec Eric Clapton ou Jeff Beck), reçoit un Grammy Award. Il reprend en 2007 Pain in My Heart de l’immense Otis Redding, à qui on l’a souvent comparé pour la puissance de sa voix. En 2011, il jouait à Saint-Barth pour le Nouvel An du milliardaire Roman Abramovich, aux côtés des Red Hot Chili Peppers. À la même époque, le magazine Rolling Stone le classe parmi les cent plus grands chanteurs de l’histoire.

Une bouteille jetée à son visage lors d’un concert en 2013 l’éloigne pendant trois ans de la scène. Il y a deux ans, Toots Hibberts s’est produit sur le plateau du «Tonight Show Starring Jimmy Fallon». À l’annonce de sa mort, les témoignages endeuillés ne se sont pas fait attendre. Notamment celui du fils de Bob Marley, Ziggy, qui le considérait comme «un père spirituel», et de Mick Jagger. «Il avait une telle puissance dans la voix… Il donnait toute son énergie sur scène», a écrit sur Twitter la légende du rock. Ce n’est pas le moindre des hommages.

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