Nafissatou Diallo vit l’enfer depuis le procès DSK : « J’ai voulu me suicider »


Neuf ans après l’affaire du Sofitel, où elle a été agressée sexuellement par Dominique Strauss-Kahn, Nafissatou Diallo parle enfin. Un entretien exceptionnel réalisé par Paris Match, dans lequel l’ancienne restauratrice évoque son calvaire depuis que l’affaire a éclaté.

Rappelons que nous sommes en 2011 lorsque l’affaire est portée devant les tribunaux. L’ancien patron du Fond monétaire international (FMI) est alors accusé d’agression sexuelle, de tentative de viol et de séquestration. Les faits se sont produits dans la suite 2806 du Sofitel de New York, où Nafissatou Diallo était femme de chambre depuis trois ans. Là débute un procès mondialement suivi. Par manque d’argent, elle laisse finalement tomber ses poursuites et accepte un accord avec l’homme politique. Un versement avoisinant le million de dollars.

Une victime « privée de justice »

Puisqu’on ne lui accorde pas son droit à l’oubli, Nafissatou Diallo a décidé d’écrire un livre. « Cette histoire va me suivre jusqu’à la fin de mes jours. Il m’est impossible de rester silencieuse. J’ai énormément souffert et entendu, lu, beaucoup d’horreurs sur moi », a expliqué la mère de famille, qui pense qu’elle ne sera « jamais heureuse« . « J’ai dit la vérité. J’ai été piégée et trahie. Je ne me remettrai jamais de la façon dont les procureurs de New York m’ont traitée. À cause ce qu’ils m’ont fait subir, j’ai eu envie de me suicider. J’ai été traitée de prostituée ! », déplore-t-elle, disant avoir été « privée de justice« .

Après avoir ouvert un restaurant à New York, qu’elle a dû fermer à cause du harcèlement qu’elle subissait, Nafissatou Diallo ne veut plus révéler l’endroit où elle travaille actuellement. « Les curieux arrivaient pour me rencontrer. Pas pour déjeuner mais pour me voir et poser un tas de questions (…) J’ai reçu des menaces de mort. Après le règlement en civil, j’ai été submergée de lettres d’inconnus, qui me parlaient comme si j’avais touché le jackpot et me demandaient de l’argent. Certains m’accusaient d’avoir piégé DSK, de l’avoir fait chanter. Il y a eu tout un tas de théories du complot…« , énumère l’ancienne employée du Sofitel, qui a dû quitter son appartement pour une résidence sécurisée hors de New York.

Je veux que ce qui m’est arrivé serve aux autres

Aujourd’hui, Nafissatou Diallo veut changer les choses pour les immigrées laissées pour compte. « Je veux créer une fondation pour aider les femmes, qui, comme moi, sont arrivées en Amérique sans éducation, sans même parler la langue et qui ont vécu des situations horribles. J’ai moi même été victime de charlatans et j’aimerais créer une structure qui permette aux immigrées d’être soutenues sur tous les plans, linguistique, psychologique, financier et juridique », développe-t-elle.

Violée en Guinée lorsqu’elle était plus jeune, excisée, puis à nouveau agressée par Dominique Strauss-Kahn, Nafissatou Diallo est un exemple de force. « Je suis aujourd’hui citoyenne américaine, j’ai pris des cours d’anglais. Je ne m’étais jamais considérée comme une militante féministe, mais je veux que ce qui m’est arrivé serve aux autres« , a-t-elle assuré.

Retrouvez le grand entretien de Nafissatou Diallo dans le dernier numéro de Paris Match.

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