Nafissatou Diallo, l’affaire DSK et ce fameux appel : « Je sais ce que je dis »


Si l’affaire DSK était arrivée au lendemain de Me Too, l’opinion publique aurait traité Nafissatou Diallo avec un peu plus de respect. Consentement, doute de son témoignage malgré l’expertise médicale… l’affaire aurait été bien différente. Dans une interview à Paris Match, parue le 10 septembre 2020, Nafissatou Diallo revient – neuf années après les faits – sur sa version de l’affaire du Sofitel.

Les faits remontent à 2011. Dominique Strauss-Kahn est alors accusé d’agression sexuelle, de tentative de viol et de séquestration par Nafissatou Diallo. Son agression s’est déroulée dans la chambre 2806 du Sofitel de New York, où la mère de famille était femme de chambre depuis trois ans. S’est ensuivi un procès mondialement suivi. Par manque d’argent, elle abandonne les poursuites et finit par accepter un accord financier avec son agresseur. Un versement avoisinant le million de dollars.

Alors scrutée par le monde entier, Nafissatou Diallo est victime des pires rumeurs. Un magazine va même jusqu’à dire qu’elle était une prostituée. Selon elle, les procureurs en charge de son affaire auraient toujours estimé qu’elle mentait, notamment sur ce fameux coup de téléphone à un ami, lors duquel elle affirmait que l’ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) avait beaucoup d’argent. On l’accusait alors d’avoir tout manigancé pour obtenir un pactole.

Un appel en dialecte guinéen mal traduit ?

Elle aurait dit à son ami, Amara Tarawally, alors trafiquant de drogue : « Ne t’inquiète pas, le type a beaucoup d’argent, je sais ce que je fais. » Une version réfutée par Nafissatou Diallo. « C’était un ami, il m’aimait bien et disait vouloir m’épouser. Je refusais, car je voulais me consacrer à ma fille. Il m’avait expliqué qu’il allait en Arizona pour vendre des vêtements de contrefaçon Gucci ou Louis Vuitton. Je ne savais pas qu’il trafiquait de la drogue, ce que les procureurs utilisent pour m’accabler, ni qu’il était déjà marié. Ce sont les procureurs qui me l’ont appris« , développe aujourd’hui la citoyenne américaine dans Paris Match.

Lors de ce fameux coup de téléphone, Nafissatou Diallo parle en dialecte guinéen avec Amara Tarawally. Elle lui raconte, « en pleurs », « furieuse« , comment elle a été violemment agressée sexuellement par DSK. Les juges auraient pu commettre une erreur de traduction. Aujourd’hui, elle l’assure, elle n’a jamais prononcé cette phrase. « Jamais. J’ai tout de suite démenti. Je ne suis pas folle, je sais ce que je dis », a-t-elle assuré, tout en précisant que la cour n’avait jamais fourni ces fameux enregistrements, d’ailleurs jamais ajoutés au dossier. Légalement, Nafissatou Diallo n’a donc jamais prononcé ces mots.

S’il avait été pauvre, DSK « serait en prison »

Pour Nafissatou Diallo – qui a a fait l’objet de harcèlement et de menaces de mort depuis l’affaire, les procureurs voulaient la discréditer parce que DSK « avait de l’argent et du pouvoir ». « J’ai été à l’hôpital, un docteur que je n’avais jamais vu m’a examinée, donc ils ont les preuves de ce qu’il s’est passé. Je vous assure que s’il avait été pauvre, à la rue, un clochard, il serait aujourd’hui en prison. Ils m’ont traitée comme une prostituée alors qu’en réalité je travaillais dur pour donner un avenir à ma fille », déplore-t-elle.

Retrouvez l’entretien exclusif de Nafissatou Diallo en intégralité dans le dernier numéro de Paris Match.

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