Vampires, super-héros, aventuriers, horreur… Les comics indispensables de la rentrée


These Savage Shores – Tout public

Le trait et la mise en scène de Sumit Kumar, jeune prodige indien, sont d’une qualité incroyable. Nul doute que ce nom reviendra très vite sur le devant de la scène. Hi Comics

Deuxième moitié du XVIIIe siècle, la Compagnie britannique des Indes orientales a la mainmise sur tout le sous-continent indien et cherche à sécuriser la route de la soie. Lord Pierrefont y arrive en exil dans l’espoir d’une vie nouvelle sur ce continent où personne n’est censé connaître son appétence pour le sang frais… Ce dernier est un vampire qui a quitté l’Angleterre pour fuir un chasseur professionnel. Il débarque en Inde sûr de lui et imbu de sa force car son expérience avec le chasseur ne lui a pas enseigné l’humilité. Il va apprendre à ses dépens que la chaîne alimentaire du continent regorge de prédateurs pires que lui.

Drame historique en cinq actes, ce comics est un petit bijou d’humanisme. Tout est brillant – l’histoire, les dialogues, le dessin, la mise en scène et les couleurs – dans cette série imaginée par Ram V et illustré par Sumit Kumar. Les auteurs réussissent à revisiter le mythe du vampire de manière originale, offrant plusieurs niveaux de lectures. Entre critique du colonialisme, thriller fantastique, roman d’aventures, figure du monstre, folklore, ésotérisme, voyage… À lire de toute urgence.

«These Savage Shores», édition Hi Comics, 17,90€

The Maximortal – 15 ans et plus

Entre parodie et hommage, Rick Veitch revisite avec sagacité et cynisme le mythe de Superman. Un régal à chaque page. Délirium

Début du XXe siècle, un objet céleste s’écrase dans le fin fond de la Californie. Son occupant, un bébé, est doté de pouvoirs qui défient l’entendement. Si cela rappelle les origines de Superman c’est tout à fait normal. Rick Veitch livre avec The Maximortal un comics méta qui revisite aussi bien l’histoire de Superman que celle de ses créateurs. Et l’artiste ne prend pas de gants. Un pamphlet historico-revendicatif des plus jubilatoires… Les éditions Délirium continuent leur travail patrimonial au combien appréciable.

«The Maximortal», éditions Délirium, 26€

Joker 80 ans – Dès 12 ans

Les histoires de Bruce Timm et Paul Dini ont un côté « toonesque» qui peut masquer de prime abord la profondeur de ces récits. Le lecteur avisé ne se laissera pas avoir. Urban Comics

Après les 80 ans de Batman en 2019, voici l’anniversaire du plus célèbre des antagonistes de l’univers des super-héros : le Joker. C’est à cette occasion que l’éditeur Urban Comics publie l’anthologie supervisée par Dan Didio.

Revivez les plus grandes histoires du Joker de sa création par Bill Finger et Bob Kane, à son âge d’or par Paul Dini et Bruce Timm, ou encore des histoires plus récentes signées Jim Lee ou Scott Snyder et Greg Capullo. Une dizaine d’histoires courtes créées pour l’anniversaire du vilain né dans les bas-fonds de Gotham City enrichissent le volumineux album (552 pages). Un « must have » pour tous les fans de l’univers de l’homme chauve-souris.

«Joker 80 ans», éditions Urban Comics, 35 €

Lire aussi : Angoulême devient Gotham City avec une plongée fascinante dans l’univers de Batman

Prez – Dès 12 ans

Désabusés, les présentateurs ne font même plus l’effort de donner le change. Urban Comics

2036, dans une Amérique dystopique, les conglomérats et sociétés privées ont phagocyté le pouvoir. Les audiences du tribunal se tiennent sur Facebook, les publicités sont encore plus envahissantes et le vote aux élections présidentielles se fait via Twitter. Dans ce monde régi par la publicité et les lois du marketing, les hommes politiques ont bien du mal à trouver leur place. Suite à un pied de nez de hackers militants, la jeune Beth, dernier phénomène viral avec une vidéo de « fail» devient l’élue de l’Ohio. Aucun candidat n’a la majorité. L’élection passe alors en chambre des représentants où chaque gouverneur vote pour son candidat. Elle devient alors, à 19 ans, la plus jeune présidente des États-Unis d’Amérique.

Ce comics d’anticipation semble tomber à point nommé avec l’approche des élections américaines. Dans ce remake inspiré du titre homonyme imaginé par Joe Simon en 1973, Mark Russel modernise le propos de l’époque dans une dystopie encore plus acide que le film Idiocracy.

«Prez», éditions Urban Comics, 17,50€

Fantastic Four : Grand Design – Dès 15 ans

La mise en page de Tom Scioli est grandiose. L’auteur joue en permanence avec les cases sans que cela soit au détriment du rythme. Le papier artificiellement jauni et les couleurs moins vives renforcent l’impression de lire un fascicule des années 1970. Panini Comics

Après le succès mérité de l’excellent X-Men : Grand Design d’Ed Piskor, son comparse Tom Scioli s’attaque à un projet similaire avec les Fantastic Four. Si aujourd’hui, pour de multiples raisons, l’équipe des «FF» est moins connue du grand public, il ne faut pas oublier que c’est la première équipe développée par la maison des idées, co-créée par Stan Lee et Jack Kirby. Aux côtés du Gardien (entité cosmique chargée d’observer ce qu’il se passe sur terre), le lecteur revisite les moments clés de la carrière des Quatre Fantastiques : Mr Fantastic, la Femme invisible, la Torche humaine et la Chose. Aventures qui verront apparaître des antagonistes de renom comme le Dr Fatalis, l’Homme-taupe ou Galactus, et des alliés à l’instar de la Panthère noire, Miss Hulk…

L’auteur a choisi des moments qui parleront à la fois aux néophytes et aux fans de la licence. Son travail minutieux sur le dessin, le découpage, ainsi que les nombreuses références disséminées ici et là font de ce Fantastic Four : Grand Design une bible.

Fantastic Four : Grand Design, édition Panini Comics, 26 €

Mercy – 14 ans et plus

Mirka Andolfo joue avec les contrastes et les préjugés tout au long de Mercy. Ici Madame Hellaine vient de se sustenter en buvant le sang de son cocher. Glénat Comics

Nord-Ouest des États-Unis, fin du XIXe siècle et apogée de la ruée vers l’or. La bourgade de Woodsburg est à l’agonie. Tout le monde la croit maudite par «le diable de Woodsburg» depuis l’explosion de la mine qui a coûté la vie à de nombreux citoyens. Et il n’est pas rare qu’un habitant soit retrouvé mort dans les rues de la ville au petit matin… Hellaine, une beauté au port altier et aux origines mystérieuses, arrive à Woodsburg et se propose à acheter la concession de la mine à l’abandon. Qu’est-ce qui se cache dans les tréfonds de la mine abandonnée ? Et derrière le sourire d’ange de Madame Hellaine ?

À la croisée de 30 jours de nuit et d’une histoire de Lovecraft, Mercy offre à sa jeune autrice Mirka Andolfo l’opportunité de mettre en avant son trait organique et son style nerveux. Une aventure complète en trois volumes qui reprennent les codes du mythe vampirique en les enrichissants de mysticisme religieux et amérindien.

«Mercy», éditions Glénat, 14,95€

Die – Dès 14 ans

Les planches de Stéphanie Hans sont à couper le souffle. Les enfants, devenus adultes, sont de retour dans le monde du jeu imaginé par leur ami disparu. Panini Comics

En 1991, six adolescents se retrouvent chez un ami qui est leur maître de jeu dans le cadre d’un jeu de rôle fantastique créé par ce dernier… Mais ils disparaissent sans laisser de traces. Deux ans plus tard, seuls cinq d’entre eux sont de retour. De nos jours, les cinq, devenus adultes, se retrouvent forcés de jouer à nouveau à ce jeu dangereux. Les dés du destin sont à nouveau lancés, est-ce que leur ami resté sur place est encore en vie ? Comment a évolué l’autre monde durant ces trente années ?

Le jeu de rôle n’a jamais été aussi tendance. Kieron Gillen transpose ses héros dans un univers de fantasy sombre, limite horrifique. Il y a un peu de Jumanji et de Birthright dans cette approche mais l’auteur, fan de jeu de rôle, va plus loin et construit une intrigue solide, captivante avec des protagonistes variés et originaux. Les dessins de Stephanie Hans sont à couper le souffle. Le ton très sombre sera peut-être un frein pour des lecteurs en quête de légèreté.

Die, éditions Panini Comics, 10€ jusqu’au 31 décembre puis 22€

Cinq ans – Dès 16 ans

Les héroïnes de Cinq ans sont souvent les avatars des pensées des lecteurs. Dans cet extrait, elles sont perplexes sur l’absurdité de cette quête destructrice vers «la plus grosse bombe». Delcourt Comics

Katchoo a eu une vision du futur, les scientifiques vont fabriquer une nouvelle bombe atomique la bombe Phi, entraînant un cycle de destruction sans fin et réduisant l’univers à néant. Cette bombe sera construite dans cinq ans… Comment réagir quand on connaît la date de la fin du monde ? Profiter du temps qu’il nous reste ? Essayer d’empêcher l’apocalypse ?

Critique de la course à l’armement, de l’absence de vision à long terme des décideurs et de l’irresponsabilité des politiques, ce comics permet à Terry Moore d’aborder de nombreuses thématiques qui lui sont chères.

Cinq ans – éditions Delcourt Comics, 19,99€

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