Voir le jour hésite entre une intéressante chronique sociale et récit intime trop convenu


Un couloir d’hôpital bondé, des allées et venues de blouses blanches incessantes, des femmes bouleversées sur le point d’accoucher. Le long plan-séquence qui ouvre le film, immerge sans préalable le spectateur dans le bouillonnement quotidien d’une maternité de Marseille.

Pour permettre au public de comprendre les joies et les souffrances qui s’y jouent à chaque minute, Marion Laine choisit comme personnage principal une ancienne chanteuse devenue auxiliaire de puériculture, Jeanne, incarnée par Sandrine Bonnaire. «Nuit et jour malgré le manque d’effectif et la pression permanente, elle et ses collègues se battent pour assurer les soins aux mères et aux bébés», admire Stéphanie O’Brien dans Madame Figaro.

Cette «trame réaliste procure les meilleurs moments quand la partie romanesque se perd dans des flash-back diluant le rythme du film, crispant le jeu des acteurs», regrette Clarisse Fabre du Monde.

Car sous cette toile de fond sociale et politique, la réalisatrice s’attaque à la crise existentielle de la quarantenaire qui élève seule une jeune fille de 18 ans. Voir le jour dépeint «la transformation d’une femme en mère», note Stéphanie O’Brien.

« Jeanne c’est une mère qui doit redevenir femme quand son métier est d’aider des femmes à devenir mères. »

Marion Laine au Figaro Madame

Le résultat est un film qui «fourmille de bonnes intentions que sapent les maladresses de la mise en scène, son recours gênant à la musique et sa gestion fonctionnelle des deux personnages», déplore Nicolas Schaller dans Le Nouvel Observateur.

Il n’en reste pas moins un bel «hommage aux soignantes», comme le souligne l’Humanité.

«Vous avez un spasfon ?»

La vie professionnelle et la vie personnelle de Jeanne s’entremêlent pendant 1 h 30. Pour Céline Rouden de La Croix, «le film hésite entre la chronique sociale et le drame intime». Il illustre avec justesse les conditions de travail dans une grande maternité, mais se perd parfois dans des flash-back intimes moins aboutis.

Clarisse Fabre du Monde, partage ce constat : le long-métrage navigue entre deux eaux. La journaliste relève «une base documentaire intéressante, peu exploitée au cinéma», mais estime que la fiction tissée à partir de ce matériau est «moins convaincante, avec un scénario trop chargé et une mise en scène un peu littérale».

On est face à un «film à double bande», conclut Renaud Baronian dans Le Parisien.

Benjamin Puech, pour Le Figaro, est lui aussi dubitatif. «Quand le film social se transforme en drame intime, le pathos tombe en surdosage, estime-t-il. D’autant que l’histoire, elle, reste maigrelette : fatigue au boulot, des remords sur le passé, l’ado qui veut prendre son envol… Vous avez un spasfon ?»

L’oeuvre doit beaucoup à ses comédiennes

Le casting, presque exclusivement féminin, «est la vraie réussite du film», juge Jonathan Trullard de France Info. Sur ce point, les critiques sont unanimes : «les interprètes sont justes», écrit Télérama, qui trouve pourtant que «ces portraits de femmes en blouse blanche étouffent sous la fadeur des dialogues».

Sandrine Bonnaire, tout en fragilité et délicatesse, épouse son rôle d’auxiliaire de puériculture avec brio. Elle est entourée d’Aure Atika, Brigitte Roüan, et de la jeune Kenza Fortas, «que l’on retrouve avec joie après son César du meilleur espoir (pour Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin), impeccable ici dans ce rôle de stagiaire gouailleuse», apprécie Jonathan Trullard.

«L’association parfaite de ces actrices a priori opposées sauve Voir le jour, avec des seconds rôles soignés, parfaitement travaillés», estime le journaliste.

Leurs performances et l’hommage réaliste rendu à ces combattantes du quotidien l’emportent sur les maladresses techniques du film.

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