John Howe, le maître dessinateur du Seigneur des anneaux, raconte sa vie au service de Tolkien et de l’heroic fantasy


Installé à Neuchâtel, John Howe a reçu la visite de nos confrères du quotidien suisse Le Temps pour une interview. Dans leurs colonnes, il y évoque son attachement au travail de John Ronald Reuel Tolkien, ce qu’apporte l’heroic fantasy à notre société mais aussi son métier d’illustrateur.

Fasciné par J.R.R. Tolkien dès ses 14 ans, l’artiste canadien de 62 ans est devenu une référence en donnant ses plus belles images à l’univers du Seigneur des Anneaux. Au point que Peter Jackson a naturellement fait appel à lui pour réaliser ses films, s’inspirant avec minutie de ses traits de plumes et de ses cadrages. Classique du genre de l’heroic fantasy, John Howe voit chez Tolkien «un de ces auteurs dont l’évocation visuelle est extrêmement forte, ce qu’il décrit déclenche des visions».

L’illustrateur reste toujours très attaché à l’univers même après avoir travaillé des années durant sur les livres et ensuite sur les six longs-métrages. L’éditeur HarperCollins va publier en octobre une nouvelle édition d’Unfinished Tales de Tolkien avec, comme il se doit, des illustrations de John Howe mais aussi d’Alan Lee et Ted Nasmith. Et si ça ne suffisait pas, l’artiste travaille sur la série produite par Amazon prévue pour 2021.

L’héroic fantasy «aident à ouvrir les yeux»

Plus de 70 ans après le premier livre, l’univers de Tolkien continue d’attirer de nouveaux adeptes. «C’est une indication que l’heroic fantasy, quand elle est bien écrite, répond à des questions que chaque génération se pose, explique John Howe. Et comme l’heroic fantasy n’est ni scientifique, ni religieuse, les réponses sont beaucoup moins démagogues. Je les qualifierais de romans qui aident à ouvrir les yeux.»

Mais si le Seigneur des Anneaux est aujourd’hui un classique du genre, il n’est pas le seul à exceller dans sa catégorie. Beowulf, la Chanson des Nibelungen ou encore la Volsunga Saga, saga nordique dont s’est inspirée Tolkien, offrent pour John Howe «une fenêtre sur une autre époque. Il y a un volume considérable de littérature, qui nous vient d’un passé où le monde était un endroit à la lisière du merveilleux, encore plein de possibilités, de choses non explorées, de dangers. Je les trouve passionnants».

En transposant ces mythologies à notre époque, «cela nous permettrait de mieux nous situer, dans une écologie à la fois morale et environnementale», révèle l’illustrateur. «À force de repousser toujours plus loin les limites, nous avons fini par nous rencontrer, mais nous ne sommes pas plus près d’avoir trouvé les réponses à nos éternelles questions», telle que la place de l’Homme dans ce monde.

«Graphiste» polyvalent

La place de John Howe est quant à elle déjà toute trouvée, pinceau en main, même si son activité coince encore sur certains points. «Le métier d’illustrateur n’est pas une profession reconnue comme telle. Au registre de la chambre du commerce, je suis inscrit comme graphiste.» Cela ne l’empêche pas d’avoir d’autres préoccupations. Outre la série d’Amazon, l’artiste prépare pour la chaîne Arte une série sur la littérature fantastique où il mettra à l’honneur les autrices qui ont renouvelé le genre à leur façon.

John Howe évoque les romancières Robin Hobb, Ursula K. Le Guin, Naomi Novik ou encore Anne McCaffrey. «Je crois que la frontière entre l’écriture et le dessin nous est indiquée par le produit qui en résulte, et non pas par le processus qui en est à l’origine» raconte l’artiste. Un lien entre le dessin et l’écriture qu’il fait étudier à ses élèves d’une école d’art à Neuchâtel. «Pour ceux qui n’ont pas abandonné le dessin, vu que tous les enfants dessinent, cela montre qu’ils n’ont pas résolu ce que ce moyen d’expression pouvait leur apporter. Et pour ceux qui abandonnent, cela signifie qu’au bout d’un moment, le dessin ne leur apportait plus les réponses nécessaires. Mais cela reste mystérieux.»

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