L’origine des pierres de Stonehenge enfin établie


Mais d’où viennent les pierres de Stonehenge ? Jusqu’alors, seule une explication mystique éclairait l’origine de l’alignement de mégalithes du sud de l’Angleterre. Dans les années 1130, le clerc gallois Geoffrey expliqua que Merlin, le magicien de la légende d’Arthur, avait déplacé un ensemble de pierres depuis le mont Killaraus, en Irlande, jusqu’au plateau où se trouve le site archéologique. Ce travail de titan avait pour objectif de construire un monument en hommage à des nobles britanniques tués par les Saxons.

Une explication plus prosaïque semble toutefois émerger d’un article paru dans Science Advances . Ses auteurs cherchaient à connaître l’origine des monolithes, un mystère qui a longtemps intrigué géologues et archéologues. Au cœur de leurs travaux se trouve un morceau de monolithe a priori insignifiant. D’après le New York Times , dans les années 1950, un gros morceau de pierre – numéroté 58 – avait disparu de l’assemblage de Stonehenge. Ce noyau cylindrique, d’un mètre environ, fut extrait du site lors de travaux de réparation, l’un des tailleurs de pierre en charge de l’ouvrage l’ayant ramené chez lui.

Le noyau 58 est la seule pièce dont nous pouvons identifier avec assurance la pierre d’origine

David Nash

Perdu depuis longtemps, ce noyau 58 a été restitué pendant l’été 2019 à English Heritage, l’association qui gère le site de Stonehenge. Une aubaine pour les chercheurs. David Nash, géomorphologue à l’Université de Brighton et principal auteur de cette étude sur les monolithes, a pu analyser le fragment, véritable mine d’or n’ayant pas subi d’altération climatique. «Les musées britanniques regorgent de monolithes, explique-t-il. Cependant, à ma connaissance, le noyau 58 est la seule pièce dont nous pouvons identifier avec assurance la pierre d’origine».

Pierres bleues et monolithes

Deux types de pierres composent Stonehenge. L’une, la pierre bleue – dont chaque bloc pèse de 2 à 4 tonnes -, constitue l’intérieur des cercles . L’autre, le monolithe, se présente sous forme de blocs pesant en moyenne 20 tonnes, qui, assemblés, forment l’immense fer à cheval central. Les géologues ont établi il y a environ un siècle que les pierres bleues ont été traînées, portées ou roulées jusqu’à Stonehenge depuis l’ouest du Pays de Galles, à 290 kilomètres de là.

Quant à l’origine des monolithes, tout s’est donc éclairé lorsque le noyau 58 a refait surface. David Nash a voulu remonter la trace de la quasi-intégralité des pierres, et ses premières analyses l’ont conduit sur la piste de Marlborough Downs, à 29 kilomètres au nord de Stonehenge.

Un seul emplacement coincide

Pour déterminer la composition chimique du noyau, les chercheurs ont ensuite utilisé un ensemble de techniques de spectrométrie non-invasives. Une fois la signature géochimique établie, ils ont recueilli des échantillons de monolithes issus de 20 endroits différents du sud de l’Angleterre, dont six aux Marlborough Downs. Un seul emplacement coïncidait : West Woods, au sud des Marlborough Downs, soit quelques kilomètres plus près de Stonehenge.

Au XVIIe siècle, John Aubrey, un philosophe ayant étudié les lieux avait déjà établi un lien entre Stonehenge et West Woods. «Aubrey disait avoir trouvé la source des monolithes de Stonehenge, une grande carrière enterrée à environ 22 kilomètres au nord de Stonehenge», explique Michael Parker Pearson, archéologue à l’University College London. «Comme West Woods se trouve effectivement à 24 kilomètres au nord, il est fort probable qu’il ait vu juste ! Nous avons mis 340 ans à faire la même trouvaille». Il n’est jamais bon d’avoir raison trop tôt…

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