Mazarine Pingeot épingle les «extrémistes de la médiocrité» qui «discréditent les combats féministes»


Elle mène son combat la plume acérée. À grands coups d’anaphores, Mazarine Pingeot signe dans Le Monde une tribune enflammée contre le féminisme d’aujourd’hui. Elle reproche à ses représentants de vouloir substituer une domination à une autre : celle de «l’homme blanc occidental» remplacée par celle d’«une jeunesse sans désir mais pleine de colère».

L’écrivaine n’y va pas de main morte pour décrire cette nouvelle génération de féministes, qu’elle qualifie d’«extrémistes de la médiocrité». Outre les critiques sur leurs motivations qu’elle résume à «de la bêtise, du mimétisme, de la libération des pulsions de haine, et, pire que tout, de l’exaltation narcissique de croire appartenir à la morale», elle estime que leur lutte discrédite les combats féministes de leurs aînées.

Une cause qui lui tient à cœur et qui l’a conduite à sortir d’un long silence médiatique. Pour rappel, Mazarine Pingeot a publié l’an dernier Se taire, roman dans lequel une jeune héroïne, victime d’agression sexuelle, s’effondre sous le poids du secret.

Dans sa tribune, la fille de François Mitterrand et Anne Pingeot utilise à dessein des termes provocateurs à l’égard de certaines jeunes femmes qui «se déguisent en putes pour imiter les danseuses des clips de rap qui vantent l’argent facile et l’amour monnayable». Une jeunesse qu’elle ne comprend pas et qui semble provoquer chez elle plus qu’un «mortel ennui», comme elle le répète à neuf reprises, de la peur et une colère ardente. Car, selon elle, la convergence des luttes que ces «nouveaux révolutionnaires» entendent mener ne peut aboutir qu’à des frontières.

Elle dénonce le risque d’un art policé

La professeure de philosophie craint les ravages que cette nouvelle génération pourrait réserver à l’art. Elle emploie plusieurs images stéréotypées pour peindre le danger que représente la «police des mœurs» qu’elle estime capable de transformer une œuvre d’art en modèle de vertu.

« Et que deviendra l’art dans tout ça ? Des œuvres théâtrales où l’on dira le catéchisme, le mal contre le bien, dont on voit vite les incarnations ? Des tableaux respectant la parité, homme, femme, Noir, Blanc, vieux, jeunes, handicapés, dans des champs de blé bio et des plants de tomates en permaculture ?»

Mazarine Pingeot se montre pessimiste sur l’avenir que dessine cette nouvelle génération. «Avant même de mourir du réchauffement climatique, nous risquons de mourir d’ennui.» Elle évoque notamment un risque d’autocensure et d’intériorisation de l’interdit pour les artistes. Une chose est sûre, elle n’en fera pas partie.

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