La cathédrale de Sheffield dissout son chœur pour gagner en diversité


Du passé, la cathédrale de Sheffield entend faire table rase. L’institution a décidé de dissoudre son chœur afin de prendre un «nouveau départ» avec des choristes plus à même de refléter les mutations de la ville du nord de l’Angleterre et de renforcer le lien avec ses habitants, explique le Guardian . Selon Peter Bradley, le doyen de la cathédrale, «la ville change rapidement, et à travers son chœur, la cathédrale doit toucher un public plus large».

Alors que la population de Sheffield rajeunit et se diversifie, la cathédrale entend promouvoir un «nouveau modèle de chorale anglicane, avec une ambition renouvelée d’inclusion et d’engagement du public», selon un communiqué publié sur son site internet. Jusqu’alors, le groupe était trop homogène, avec des élèves principalement issus de milieux privilégiés. «Nous devons diversifier nos effectifs, et atteindre des parties de la ville que nous n’avons pas encore atteintes», abonde Peter Bradley.

Tensions au sein de l’Église

Cette dissolution ravive les tensions au sein de l’Église d’Angleterre, où s’opposent deux conceptions de l’avenir. Certains rêvent une Église tournée vers l’extérieur et engagée dans l’action sociale. D’autres craignent qu’une telle modernisation mette en péril des traditions séculaires constitutives de l’identité de l’institution : le chant choral, l’habit clérical, les bâtiments anciens, les rituels liturgiques, etc.

Je pense que de nombreuses cathédrales procéderont à de tels changements dans les années à venir

Peter Bradley, doyen de la cathédrale de Sheffield

Peter Bradley reconnaît qu’«un tel changement au sein de l’Église peut être extrêmement douloureux», mais juge le mal nécessaire. «Ce n’est pas une raison pour ne pas avancer. Je pense que de nombreuses cathédrales procéderont à de tels changements dans les années à venir», anticipe-t-il.

«Nous croyons au fait d’offrir à autant d’enfants que possible la chance de chanter au plus haut niveau», poursuit le doyen, estimant que jusqu’alors, si la chorale «attirait un large public», elle pouvait parfois être perçue comme «élitiste». À l’avenir, explique-t-il, les chanteurs continueront à interpréter des morceaux issus de la tradition chorale anglicane, mais élargiront leur répertoire.

Parents ulcérés

La dissolution a suscité de vives réactions dans l’entourage des jeunes chanteurs. Un groupe de parents ulcérés a publié un communiqué dans lequel ils disent s’être «sentis trahis et abandonnés». Kate Caroe, la mère d’un élève, déplore que la direction n’ait pas averti les choristes de sa décision, ni donné «la moindre garantie qu’ils seront toujours les bienvenus à la cathédrale et feront partie de la nouvelle vision».

Elle affirme en outre qu’il existe au sein de la chorale une «culture dysfonctionnelle de harcèlement et d’intimidation, et une absence d’attention de la part de l’équipe encadrante». L’un des membres de l’équipe conteste ces affirmations, mais affirme ne pas pouvoir y répondre pour des raisons de confidentialité.

La décision de dissoudre le chœur n’est pas liée au coronavirus, qui a d’ailleurs menacé l’avenir de certaines maîtrises. Toutefois, la période du confinement, pendant laquelle les élèves n’ont pas pu répéter ensemble, a été propice au fait d’insuffler un tel changement. «Les chœurs ont des modes de fonctionnement très figés. Nous ne pensions pas qu’un changement progressif nous aurait permis d’avancer assez vite», explique Bradley.

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