GRAND RÉCIT – Malgré le beau temps et l’absence de blockbusters, un million de spectateurs a retrouvé le chemin des salles. Retour sur ces drôles de derniers jours qui annoncent un été tout aussi singulier.
Lundi 22 juin, Brignais à quinze kilomètres au sud-ouest de Lyon. Vers 8 h 30 dans la zone industrielle, une Mercedes blanche se gare devant le CGR, un multiplexe de quinze salles en forme de fer à cheval. Au volant, avec son accent chantant, Clément Gosseye se dit à la fois «fébrile et ému». À 32 ans, il dirige ce paquebot qui draine 900.000 spectateurs par an venus de Saint-Chamant dans le Cantal jusqu’à Vienne dans l’Isère. Après 100 jours de fermeture, les quelque 2000 cinémas de France dont le sien rouvrent aujourd’hui. Ils n’ont eu que trois semaines pour trouver des films neufs à mettre à l’affiche, ce qui a été difficile car ils sont partis de zéro. Pour ne rien arranger, à Matignon, Édouard Philippe avait tranché en faveur d’une réouverture mercredi 1er juillet. Puis pour des raisons psychologiques et politiques, Emmanuel Macron a imposé que les salles de spectacle, les cinémas et les écoles rouvrent avant les élections municipales. Peu importe que le mercredi soit le jour traditionnel
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