La «Catho» de Lille met en vente son joyau, un des manuscrits romans les plus célèbres au monde. Pour qu’il reste en France, le ministère de la Culture l’a classé trésor national.
Par Adrien Goetz
Les historiens qui s’intéressent aux femmes du Moyen-Âge connaissent bien la page de l’évangéliaire de Saint-Mihiel qui montre Irmengarde, à l’inoubliable prénom, commanditaire du livre, aux côtés de son époux défunt. Ce manuscrit, probablement du XIe siècle, avec ses quinze peintures en pleine page aux couleurs merveilleuses, est une Joconde. Il réunit peut-être les plus beaux feuillets enluminés de cette époque, un patrimoine universel. Il témoigne de la fin éclatante de l’enluminure ottonienne, dans cette «école de Reichenau» héritière de l’esthétique carolingienne, au moment où se fixent les canons de l’art roman. Une des pages montre saint Michel archange, une autre l’ascension du Christ porté par deux anges.
C’est le curé Charles Didiot qui, en le découvrant chez un libraire de Saint-Mihiel, dans la Meuse, vers 1830, l’attribua à l’abbaye bénédictine qui se trouvait là. Le nom lui est resté, mais il est possible que l’évangéliaire provienne plutôt du monastère de Saint-Mansuy, près
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