Au VIe siècle avant notre ère, le poète Homère écrivait ses célèbres épopées de l’Illiade et de l’Odyssée. Ou était-ce au VIIe siècle? Une étude dévoilée par la revue scientifique Plos One pourrait bien remettre en question la chronologie de l’antiquité grecque, et par la même occasion, celle de la datation exacte de l’écriture de ces deux œuvres.
Un groupe d’archéologues de l’Académie autrichienne des sciences est ainsi parvenu à mettre au point un système de datation bien plus précis. D’ordinaire, les chercheurs utilisent le carbone 14 pour retrouver l’âge d’une matière organique, par exemple une oeuvre d’art, un fossile, ou de la roche. Chaque organisme vivant possède en effet une certaine quantité de radiocarbone, qui décroit ensuite de façon exponentielle à la mort de l’organisme. En comparant ce reste de carbone avec celui présent dans un échantillon de référence, il est possible de dater jusqu’à 50.000 ans en arrière des objets. Au-delà, la datation devient trop imprécise.
50 à 150 ans d’écart
Cette technique a donc permis de concevoir une grille temporelle de l’antiquité grecque. Avec une précision toute relative: la quantité de carbone 14 peut varier selon les conditions environnementales. Pour résoudre ce problème, une échelle de calibration a été imaginée avec différentes mesures d’objets dont l’âge est connu, pour les comparer avec les «âges carbone 14» obtenus. Les chercheurs de l’Académie autrichienne des sciences ont fait appel à ce procédé sur un site archéologique grec, situé dans une banlieue du nom de Sindos.
Grâce à la découverte de poteries dont l’âge a pu être déterminé avec précision, l’équipe a réussi à réévaluer la chronologie de l’histoire grecque, et à en obtenir une nouvelle plus exacte. Selon ces résultats, d’importants événements historiques, ainsi que l’origine de nombreuses innovations en philosophie, littérature et politique devraient être datés de 50 à 150 ans plus tôt. «Ainsi, les avantages de la méthode se complètent, au profit d’une précision de datation qui jusqu’à présent, n’avait pas été atteinte pour cette période», se réjouit l’archéologue Stefanos Gimatzidis auprès du site d’actualités dédié à l’archéologie News Network Archeology .
Désormais, les erreurs de datation pourront être considérablement réduites. Ces conclusions suggèrent également une nouvelle lecture de l’histoire de l’Antiquité. «On peut désormais concevoir la diffusion de l’alphabet ou du symposium en Grèce et en Italie comme un processus plus long qui a commencé au IXe siècle.»
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