Des chercheurs percent l’énigme des lettres de Marie-Antoinette à son amant


«Adieu ma bonne amie, jamais je ne cesserai de vous adorer.» Tirée de la précieuse correspondance de Marie-Antoinette, cette phrase a finalement révélé son mystérieux expéditeur. Après un long travail d’analyse sur quinze lettres raturées échangées entre 1791 et 1792, plusieurs chercheurs sont parvenus à découvrir l’identité du correspondant de la Reine de France, un gentilhomme suédois du nom d’Axel de Fersen.

Ces lettres sont réapparues en 1877 par l’intermédiaire du baron Rudolf Maurits von Klinckowström, petit-neveu d’Axel de Fersen, avant d’être acquises plus de cent ans plus tard par les Archives nationales de France comme le rapporte Le Monde . Malheureusement, plusieurs passages de la correspondance sont caviardés: des mots, des lignes, voire des paragraphes entiers ont été raturés à la plume, avec de l’encre noire, les rendant illisibles pour l’œil.

Grâce à une technique élaborée, les scientifiques du programme «Rex II», financé par la Fondation des sciences du patrimoine et soutenu par les Archives nationales, ont pu percer les secrets de sept lettres et du recto d’une huitième. Appelé spectroscopie de fluorescence de rayons X, ce procédé leur a permis de distinguer encres des ratures et encres des textes. Et de confirmer l’hypothèse d’une relation sentimentale entre Marie-Antoinette et Axel de Fersen, longtemps soupçonnée par les historiens, mais jamais prouvée.

Des lettres ratifiées par Fersen

«Adieu, je vous aime à la folie», écrit Fersen dans une des lettres. Les deux tourtereaux se sont échangé ces messages entre juin 1791 et août 1792, période à laquelle la famille royale vit en résidence surveillée aux Tuileries. Jusqu’alors méconnu des historiens, Axel de Fersen est en réalité l’organisateur de la «fuite à Varennes», au cours de laquelle le roi et sa famille tentent de quitter Paris, mais qui se soldera par l’arrestation de Louis XVI. Il exerce également la fonction de représentant officieux de la reine auprès des cours d’Europe jusqu’à la déclaration de guerre avec l’Autriche, en avril 1792.

Si l’existence d’une relation entre la personne illustre de la reine et ce gentilhomme est bien établie par les chercheurs, ces lettres n’apportent cependant aucune révélation. «Ces nouveaux documents ne forment pas une correspondance érotique, ni même à proprement parler amoureuse, puisque aucun de ces courriers, rédigés entre fin septembre 1791 et début janvier 1792, n’est entièrement consacré à ce thème», explique au Monde Isabelle Aristide, conservatrice aux Archives nationales.

Mais qui aurait tenu à garder secrète cette relation, allant jusqu’à ratifier à l’encre noire le contenu des lettres? Qui, si ce n’est l’un des messagers, Axel de Fersen lui-même, qui aurait ainsi caviardé certaines des lettres de Marie-Antoinette. Les chercheurs ont en effet découvert que plusieurs des billets de la reine avaient été retranscrits par le gentilhomme. En comparant l’encre des retranscriptions à celle utilisée pour ratifier les lettres, ils ont constaté que c’était Fersen qui était à l’origine de ces modifications. Poursuivi et recherché par les révolutionnaires, il aurait ainsi évité de porter préjudice à la reine.

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