La fermeture de la librairie Boulinier déclenche une vague d’émotion et d’indignation à Paris


Depuis que l’emblématique librairie Boulinier, située non loin de la Sorbonne, au 20, boulevard Saint-Michel a annoncé sa fermeture définitive à la mi-juin, c’est à une véritable levée de boucliers que l’on assiste.

Ce temple joyeux et chaotique des livres de seconde main est un tel symbole que les témoignages de sympathie et d’indignation n’ont pas cessé de se multiplier depuis une semaine.

Véritable poumon culturel du Quartier latin, voilà que l’une des plus anciennes librairies de Paris, boulevard Saint-Michel, se trouve obligée de fermer boutique, face à la hausse des loyers du quartier.

Cette mauvaise nouvelle, s’accompagne simultanément d’une autre sinistre annonce concernant les librairies: celle d’une fermeture imminente de trois librairies Joseph Gibert, à Clermont, Chalon-sur-Saône et Aubergenville.

Alors, assiste-t-on au crépuscule du quartier latin? Il est clair que ce repaire de Saint Michel, ouverte en 1938 va disparaître sous la pression immobilière, et la transformation progressive du quartier.

Son directeur, contacté par nos soins, répond hélas sans ambiguïté. «La raison de notre fermeture, c’est que le propriétaire, il peut reprendre ses locaux quand il le veut. Nous avons tout fait pour garder la librairie. Mais avec les prix qu’ils demandent, nous ne pouvons que nous sauver. Nous ne pouvons pas rester. Ce n’est pas viable. Donc, aujourd’hui, nous sommes obligés de partir. Même si ce n’était pas notre souhait.»

Voilà donc une référence pour de nombreux étudiants, ou Parisiens, une institution diront d’autres, qui disparaît. Une de plus… Et quand on demande à Franck Boulinier s’il a été surpris par les réactions ayant fait suite à l’annonce de la fermeture de sa librairie fin juin, il ne peut qu’acquiescer : «Je ne m’attendais pas à une telle réaction. Pas à ce point-là! Mais en même temps, un peu quand même oui, car c’est un endroit incroyable.»

Avec la disparition annoncée du libraire Boulinier, présent sur le Boul Mich depuis 1938, c’est encore un peu de l’âme du Quartier latin qui s’évanouit…

Eric Anceau, maître de conférences à la Sorbonne

Bien sûr, il reste les sept autres librairies Boulinier, ouvertes en Ile-de-France, dont celle qui se trouve aussi au 16, boulevard Saint-Michel, «sauvée grâce à la mairie de Paris, propriétaire qui loue les lieux à des prix raisonnables» d’après Franck Boulinier.

Maître de conférences à l’université de la Sorbonne, Eric Anceau a fait part du « choc » qu’il a ressenti en apprenant sa fermeture. « C’est l’une des enseignes incontournables, symboliques du quartier latin », explique celui qui allait étant jeune, « fébrilement , y acheter sa provision de romans policiers pour l’été.»

Et de tristement déplorer sur Twitter qu ‘«avec la disparition annoncée du libraire Boulinier, présent sur le Boul Mich depuis 1938, et qui sera remplacé, à n’en pas douter, par un nouveau fast food, une boutique de vêtements ou de téléphonie, c’est encore un peu de l’âme du Quartier latin qui s’évanouit…»

Que va devenir ce grand local où demeurait Boulinier depuis 82 ans? «Je n’ai pas d’idées, je ne sais pas, répond tristement Franck Boulinier. Même si c’est du Fast-food, c’est possible, de toute façon, ce sera une grosse enseigne, c’est forcé. Le Quartier latin se transforme, c’est sûr… et pas en bien. Il y a moins d’étudiants. Ce n’est plus ce que c’était. Mais ceci dit, cela reste le quartier du livre… Tous ces témoignages de sympathie, ou d’indignation, c’est émouvant. C’est d’ailleurs incroyable. Et c’est ça qui me restera. C’est pour cela que nous nous devons d’être toujours là, même à quelques mètres… C’est notre challenge.»

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