Zoom « The Last Dance » – la saison 1994 de Scottie Pippen : pendant que Jojo jouait au baseball, Pip jouait comme un MVP


À travers la sortie de deux épisodes de « The Last Dance » tous les lundis jusqu’au 18 mai prochain, on va bouffer du taureau pendant un mois, et découvrir – ou redécouvrir – de nombreuses anecdotes ainsi que des histoires concernant les Bulls de Michael Jordan. Alors en plus du débrief dédié à chaque épisode, on a décidé de faire un zoom sur certains passages de ce docu-série qui nous paraissent particulièrement intéressants. Allez, on enchaîne. 

Parmi les grands thèmes du septième épisode, il y a notamment la retraite de Michael Jordan en 1993 après la mort de son père, dont il était très proche. Bye bye le basket, bonjour le baseball. Mais malgré le départ le MJ, les Bulls ont continué à être très performants lors de la saison suivante, avec en vedette un Scottie Pippen au sommet de son art. Sorti de l’ombre de Jordan, le lieutenant a évolué à un niveau de MVP en 1993-94.

# Le lieutenant devenu leader

De son arrivée dans la Grande Ligue en 1988 à la première retraite de Michael Jordan en 1993, Scottie Pippen a toujours été dans l’ombre de MJ. Il a grandi à ses côtés jusqu’à s’imposer comme un All-Star régulier en NBA, il est devenu le lieutenant parfait du numéro 23 pour emmener les Bulls au sommet de la planète basket trois fois de suite, il était un monstre défensif et de polyvalence, mais Pip n’a jamais été dans le costume de leader. C’était Mike, le meilleur joueur de la planète et véritable icône planétaire.

Et puis il y a eu cette conférence de presse du 6 octobre 1993, quand Jordan a provoqué un véritable tremblement de terre en annonçant qu’il quittait le basket à un mois du début de la saison régulière. Le choc passé, Scottie Pippen a pris le rôle de leader. Un leader bien différent de Michael, qui n’hésitait pas à jouer au tyran pour tirer le meilleur de ses coéquipiers. Comme l’explique bien Steve Kerr dans le docu-série, Pip, c’était plutôt le genre de gars à encourager ses copains quand ça n’allait pas très fort, à les réconforter et les soutenir. Et dans le jeu, il n’est pas tout d’un coup devenu l’un des meilleurs scoreurs de la NBA. Pippen a fait du Pippen, il est resté fidèle à lui-même, c’est juste qu’il a eu plus de responsabilités et il a profité de cette opportunité pour montrer qu’il savait lui aussi guider une équipe, à sa manière et en impliquant tout le monde.

# Une campagne calibre MVP…

22 points à 49,1% au tir, 8,7 rebonds, 5,6 passes décisives, 2,9 interceptions, 0,8 contre par match. La ligne de stats est formelle, Scottie Pippen était absolument partout durant cette saison 1993-94. Meilleure moyenne au scoring de toute sa carrière, comme d’habitude brillant en matière de polyvalence et toujours excellent défensivement, Pip a peut-être joué le meilleur basket de sa vie cette année-là, et il a surtout sublimé un collectif qui a particulièrement brillé en l’absence de Michael Jordan. Ces Bulls version Pippen, dirigés d’une main de maître par le coach Phil Jackson, ont remporté 55 succès durant la saison régulière – soit seulement deux de moins que la saison précédente quand MJ était encore là – pour finir sur le podium de l’Est.

« Tout le monde a bossé dur et Scottie était un incroyable leader cette année-là, il aurait sans doute mérité le titre de MVP. Il a montré à tout le monde durant cette saison le niveau auquel il pouvait évoluer et son équipe a très bien joué, de façon très altruiste. »

– Phil Jackson, via NBA.com

Scottie Pippen n’a pas remporté le MVP cette année-là, il a terminé troisième derrière Hakeem Olajuwon et David Robinson. Il n’a pas non plus remporté le titre de meilleur défenseur de la saison, il a fini en quatrième position derrière les deux mêmes joueurs ainsi que Dikembe Mutombo. Mais au final, peu importe, car pas besoin de trophée individuel pour se rendre compte de son impact sur l’équipe et sa capacité à rendre ses coéquipiers meilleurs. Et si jamais les récompenses perso sont si importantes pour vous, sachez qu’il a quand même remporté le titre de MVP du All-Star Game 1994 avec ses Nike Air Maestro Flight rouges aux pieds, tout en étant nommé dans la All-NBA First Team en fin de saison, ainsi que dans la NBA All-Defensive First Team. Alors, convaincus ?

« Je n’ai jamais pensé à essayer de gagner le MVP. Je n’ai jamais pensé à faire les choses individuellement. Ce n’est pas comme ça que je joue, ce n’est pas ma nature, je ne pouvais pas me transformer pour jouer de cette manière. Cela ne m’a jamais traversé l’esprit d’essayer d’être en tête de la ligue au scoring […] Je voulais évidemment être l’un des meilleurs joueurs de la NBA, mais en gardant mon style de jeu naturel. »

– Scottie Pippen, via NBA.com

# …qui s’est mal terminée

Après cette saison régulière de haute facture, les Bulls avaient à cœur de montrer leurs capacités pour défendre durement leur titre lors des Playoffs 1994. Le premier tour ? Une formalité, un bon vieux coup de balai face aux Cavaliers avec un Scottie Pippen au top. Mais lors du second tour face aux Knicks, rival féroce des Bulls au début des nineties, ce n’était pas du tout la même histoire, et c’est là que Pip a craqué. Comme on peut le voir dans le septième épisode de « The Last Dance », Scottie a carrément refusé d’entrer en jeu dans les dernières secondes du Game 3, frustré par le choix de Phil Jackson de privilégier Toni Kukoc pour le dernier shoot. Dans un match crucial de Playoffs, avec une victoire obligatoire pour des Taureaux menés 2-0 dans la série, Pippen a fait sa diva, laissant tomber les siens alors qu’il s’est comporté en leader exemplaire toute la saison. Un choc pour ses coéquipiers, que même le game winner de Toni derrière n’a pas pu effacer.

« J’étais évidemment content de mettre ce tir, mais toute cette situation, en retournant aux vestiaires, tout le monde était énervé parce que ça n’allait pas. »

– Toni Kukoc

Il faudra attendre quelques jours pour voir Scottie et le reste de l’équipe passer vraiment à autre chose, même si cet épisode restera pour toujours un moment noir de la carrière de Pippen. Un autre moment difficile, où il est cette fois-ci dans le rôle de victime, s’est déroulé à la fin du Game 5 face aux Knicks, alors que la série était à égalité 2-2. On ne voit pas cette séquence dans « The Last Dance », mais c’est l’un des grands tournants de la saison des Bulls 1993-94. Alors qu’ils menaient 86-85 à sept secondes de la fin, Scottie et les Taureaux sont sanctionnés d’une faute très controversée sur un tir extérieur d’Hubert Davis, faute qui va condamner Chicago. Davis donnera en effet l’avantage à son équipe sur la ligne des lancers francs, et la victoire aux Knicks, qui finiront par remporter la série 4-3. Du côté de la Windy City, on se demande encore jusqu’où les Bulls auraient pu aller cette année-là sans ce call signé Hue Hollins.

Les huit premiers épisodes de « The Last Dance » sont dans la boîte, et on s’approche donc de la fin. En attendant la sortie des deux derniers, on va continuer à vous proposer du contenu sur Crumpa, avec d’autres papiers zoom à venir. Courage les drogués, une semaine ça passe vite.

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