Chypre accuse une entreprise britannique de piller des épaves illégalement


La chasse au trésor. C’est ce qu’aurait décidé d’entreprendre Enigma Recoveries, une entreprise britannique privée, dans le bassin Levantin qui borde Chypre. Cependant, le mode opératoire jugé violent et dégradant par les autorités chypriotes pose problème.

«La société est bien connue à Chypre et dans d’autres pays, ainsi que des organisations internationales, dont l’Unesco, pour ses activités de fouilles sous-marines illicites et leur intention de vendre des objets est évidente dans les documents déposés auprès de la Securities and Exchange Commission des États-Unis», a annoncé le département des antiquités chypriote, rapporte le Cyprus Mail .

Enigma Recoveries a récemment annoncé avoir réalisé de nouvelles trouvailles extraordinaires, dont des bols chinois de la dynastie Ming trouvés dans une douzaine d’épaves situées entre Chypre et le Liban.

Bols chinois de la dynastie Ming. Enigma Recoveries.

L’entreprise a assuré que la collection de 588 objets trouvés dans un navire datant de 1630 et actuellement saisis par la douane, pourrait être placée dans un musée. Elle accuse à son tour le département des antiquités de vouloir vendre les trouvailles aux enchères. «Les autorités chypriotes ne mettront en aucun cas aux enchères les objets rapportés par erreur, car cela ne contrevient pas seulement au code d’éthique, mais il est également interdit par la loi chypriote sur les antiquités», a assuré l’institution.

L’épave découverte par Enigma est celle d’un colossal navire ottoman contenant des biens de quatorze cultures et nations différentes. Du verre et des céramiques de Belgique, d’Espagne, d’Italie, du Yémen et du golfe Persique, mais aussi des encens arabes.

Pipe à tabac. Enigma Recoveries

«Imaginez, il était si grand que deux navires de taille normale auraient pu être installés sur son pont. Bien qu’il soit attaqué par des vers de mer, des assassins silencieux des mers, le navire est richement préservé avec un mélange vertigineux de marchandises du bout du monde. La cartographie photogrammétrique 3D du colosse ottoman a été une première pour cette technologie en Méditerranée orientale», a déclaré Tim McKechnie, codirecteur d’Enigma Recoveries.

Ultime point de frictions, les doutes émis par l’entreprise sur la bonne conservation des artefacts : «Certains des objets en bois sont extrêmement délicats. Les émaux des pots et de la porcelaine chinoise laissés trop longtemps dans des seaux d’eau sont susceptibles de se fragmenter. Nous ne sommes pas en mesure de commenter l’état actuel de conservation des objets ou les dommages sous contrôle chypriote».

«Leur conservation a été entreprise par un restaurateur spécialisé sous la supervision du Département des antiquités, qui surveille toujours leur état de conservation», ont rétorqué les autorités, en pointant du doigt «l’extraction violente d’objets causant la destruction de leur contexte» grâce aux enregistrements numériques.

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