les pistes lancées par Pierre Lescure


Quel avenir pour les cinémas? Alors que le gouvernement a annoncé la fin du confinement pour le 11 mai, les salles françaises devraient encore rester fermées au-delà de cette date. En effet, comment assurer la protection des spectateurs dans un espace clos, où les distances entre chacun sont souvent réduites ? Et quid du Festival de Cannes, dont les organisateurs refusent l’annulation?

Dans l’émission C à Vous de ce jeudi 23 avril, Pierre Lescure a avancé quelques pistes de réflexion.

Distance d’un mètre entre chaque spectateur

D’après le président du Festival de Cannes, les différents acteurs de l’industrie cinématographique et le gouvernement seraient actuellement en train de plancher sur la question. Ils espèrent notamment que les salles sombres pourront accueillir le public à partir de la fin juin, en se calquant sur la reprise des transports et des restaurants: «On sera à six semaines de déconfinement. S’il n’y a pas d’alerte, de contrecoup, d’effet boomerang, […], peut-on alors imaginer que certains cinémas rouvrent?», se demande Pierre Lescure.

Si vous arrivez avec votre mari ou un de vos fils (dans la salle) vous restez ensemble puisque vous êtes venus ensemble

Pierre Lescure, président du Festival de Cannes

Le président de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) Richard Patry croit ainsi en «la possibilité d’une réouverture dans un deuxième temps, entre le 11 mai et la mi-juillet». Elle serait pour lui «une chance pour le cinéma français». «Nous allons pouvoir reprendre (les films) qui étaient sortis le 11 mars, juste avant le confinement», avait-il indiqué au Parisien à la mi-avril. Le ministre de la Culture Franck Riester a cependant reconnu dans Le Monde que l’on «ne savait pas» pour l’instant quand les salles pourraient rouvrir.

Mais la filière du cinéma ne se fait pas «trop d’illusion» précise Pierre Lescure. Car si le 1er juillet une réouverture est possible, de nombreuses mesures de précaution devront être mises en place dans les établissements. L’accueil dans les salles serait ainsi réduit à 50% de leur capacité afin de «laisser un mètre entre chaque spectateur, à droite, à gauche, devant, derrière», annonce le président du festival cannois. «Si vous arrivez avec votre mari ou un de vos fils, Anne-Elisabeth, vous restez ensemble puisque vous êtes venus ensemble», ajoute-t-il à l’intention de la présentatrice de C à Vous.

En revanche, si le port du masque sera obligatoire dans le hall d’entrée du cinéma et à l’approche des salles, il sera possible de l’enlever une fois dans la salle. Quant à la ventilation, qui joue un rôle crucial dans la propagation du virus, elle serait activée pendant vingt minutes entre chaque séance au lieu des cinq minutes habituelles, «pour que l’air soit complètement transformé».

Une édition hivernale du Festival de Cannes?

Le sort du Festival de Cannes reste toujours incertain depuis qu’Emmanuel Macron a annoncé que les «grands festivals et événements avec public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu’à mi-juillet prochain». Le délégué général du Festival de Cannes Thierry Frémaux, qui envisageait un temps un report fin juin-début juillet, a cependant refusé de jeter complètement l’éponge, affirmant que la manifestation pourrait se maintenir sous une autre forme.

«Avec Thierry Frémaux, on n’a pas dit “On annule l’édition 2020”, parce que 2020 se termine le 31 décembre. Le Festival de Cannes est le symbole de la vie et de la dynamique et du désir de cinéma, comme il y a un désir de théâtre et un désir de culture en général», observe Pierre Lescure dans C à Vous. L’événement majeur du septième art pourra donc se présenter soit sous la forme d’«un événement ponctuel, soit sur une série d’événements, mais une célébration du cinéma de retour dans les cinémas». Les deux hommes n’abandonnent pas l’idée d’organiser le festival en 2020. Ils envisagent ainsi qu’il «puisse avoir lieu à la fin de l’été, en septembre, ou même plus loin d’ici la fin de l’année».

Thierry Frémaux avait aussi évoqué la possibilité de créer «un label Cannes2020», auquel pourraient être associées les sections parallèles du festival et qui «permettrait de valoriser les films vus» et qui devaient apparaître dans les différentes sélections. «Nous voulons être présents à l’automne pour contribuer au vaste chantier de la reconquête du cinéma», a-t-il ajouté dans un entretien au Figaro .

Selon des estimations de la FNCF, les entrées dans les salles françaises devraient être en baisse de 55 millions sur la période allant de début janvier à fin mai par rapport à l’an dernier. Ce qui représente une perte de plus de 370 millions d’euros pour la filière.

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