les critiques noient Une Sirène à Paris de Mathias Malzieu


Après le roman éponyme et en même temps qu’un disque (Surprisier), Mathias Malzieu transpose son intrigue sur grand écran. Dans Une Sirène à Paris, le leader du groupe Dionysos raconte la romance entre un crooner en deuil (Nicolas Duvauchelle) et une sirène sortie de la Seine (Marilyn Lima). Le réalisateur offre ainsi une nouvelle vision de ce conte d’Andersen aux multiples adaptations au cinéma, dont Splash en 1984 avec Tom Hanks, ou la version animée des studios Disney en 1990, qui ressort en live-action cette année.

Une romance sirupeuse

Mais cette histoire d’amour fantastique ne parvient pas à séduire Le Figaro. Pour Étienne Sorin, il s’agit ni plus ni moins d’une «version franchouillarde» de La Forme de l’eau, une autre romance aquatique oscarisée en 2018. Loin de l’esthétique léchée et des dix-neuf millions de dollars de budget du long-métrage de Guillermo del Toro, Une Sirène à Paris tient davantage de la «compilation de clips sans queue ni tête, remplie d’objets vintage chinés dans les brocantes».

De son côté, Libération n’apprécie pas plus ce «nanar palmé». Camille Nevers déplore notamment que le réalisateur Mathias Malzieu noie son sujet «sous les sentiments sirupeux». La critique lui reproche aussi de faire de cette version modernisée de la petite sirène une femme-objet «immobilisée, trimbalée comme un meuble». Une réinvention du conte d’Andersen «cauchemardesque» qui montre «aux filles l’horreur de leur condition future, féminine et nubile».

Même déception à Première , chez qui «on se régalait d’avance de cette love story impossible entre un homme qui a souffert d’avoir trop aimé et une créature qui n’a jamais connu l’amour». Mais la prise de vues réelles empêche le spectateur de s’immerger totalement dans le film et son ambiance «étriquée». Thierry Cheze se prend à rêver de «plus de fantasque pour renforcer une émotion indéniablement présente».

Une fantaisie artificielle

Au Monde, Philippe Ridet estime que l’ambiance fantaisiste distillée dans le film n’a pas atteint son but. Pour lui, ce «dilemme entre l’amour et la raison» se déroule «dans un Paris que le réalisateur voudrait poétique et farfelu».

«Ce conte niché dans un Paris de carte postale peine à être autre chose que le prolongement platement illustratif d’une œuvre musicale», renchérit Marilou Duponchel des Inrocks , regrettant que l’imaginaire fantasque du musicien finisse «par s’étioler plutôt que de s’enrichir».

Cécile Mury de Télérama perçoit quant à elle une forte influence des esthétiques «mordorée et rétro à la Caro et Jeunet». Mais ces inspirations ne suffisent pas à repêcher le film, qui «reste hélas confiné dans sa fantaisie artificielle, comme un joli décor dans une boule à neige».

Seuls Le Parisien et Le Journal du Dimanche sauvent la sirène de Malzieu de la noyade, l’un saluant «des décors vintage, fantaisistes et oniriques», l’autre de «jolies idées de mise en scène» teintées de nostalgie.

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