Quand l’électro entraîne de sérieux soucis pour le Théâtre du Châtelet


La première de Room with a view, spectacle conçu par le roi de l’électro Rone aura lieu au Théâtre du Châtelet, à Paris, jeudi 5 mars. Officiellement, c’est la fête pour ce spectacle programmé tous les soirs jusqu’au 14 mars mais en coulisses, les portes claquent et les réunions de crise autour des nuisances sonores se multiplient. Ce mercredi 4 mars, la Préfecture s’est saisie du dossier. Une étude d’impact aura lieu à 14 heures. Avec en ligne de mire, une possible annulation du spectacle.

Comme le Théâtre n’est pas habitué à diffuser ce type de musique avec un son sourd et des infrabasses, les problèmes de bruit sont légion. Un constat d’huissier a été fait le 25 février à la demande de l’hôtel mitoyen, le Victoria. Sa propriétaire a également déposé une main courante le 2 mars.

Pendant des années, ce théâtre municipal a été un lieu bourgeois, un écrin de référence pour les comédies musicales dignes de Broadway. Depuis l’arrivée d’une nouvelle direction nommée par la maire de Paris Anne Hidalgo, son virage artistique pour attirer une clientèle plus jeune et branchée se paye au prix fort.

En novembre, un lustre est abîmé dans le grand foyer du théâtre à cause des fêtards qui sautent en groupe dans ce lieu XIXe classé monument historique. Depuis, les problèmes de bruit ont pris le pas. Paris est une ville particulièrement dense, les problèmes de tapages sont récurrents. Simplement, on ne les attend pas d’un grand théâtre parisien.

Les ennuis entre le Victoria et le théâtre ont commencé cet automne avec le partenariat entre la direction du Châtelet et le roi de la nuit, Arnaud Frisch, à la tête du Silencio. Le théâtre et l’hôtel partagent un même bâtiment, propriété de la Mairie de Paris, avenue Victoria. L’installation d’une boîte de nuit éphémère baptisée Joséphine s’est transformée en cauchemar pour les clients de l’hôtel.

Ces nuisances risquent de ruiner mon entreprise

Corinne Maes-Place, propriétaire de l’hôtel Victoria

De minuit à l’aube, les nightclubbers passent dans un escalier mitoyen aux chambres de l’hôtel. Mais surtout, le son se propage. «Le directeur du Châtelet est venu le constater de lui-même à deux heures du matin, raconte Corinne Maes-Place, propriétaire de cet établissement familial de 24 chambres avec une clientèle d’habitués de voyageurs d’affaires qui payent entre 150 et 180 euros par nuitée. Lors des récents travaux qui ont coûté 31,5 millions d’euros et duré plus de deux ans, le théâtre n’a pas été insonorisé, regrette-elle. Créer une “boîte dans la boîte“ comme à la Gaité Lyrique aurait permis de contenir les infrabasses et éviter des tracas.»

Selon Corinne Maes-Place, la direction du Châtelet s’est engagée le 8 novembre à ce que les nuisances sonores cessent. Pour autant, les 27, 28 et 31 décembre, la boîte de nuit Joséphine rouvre. Les clients de l’hôtel multiplient les lettres de plaintes et les critiques désagréables sur internet. Rebelote le 23 janvier avec le défilé Jean-Paul Gaultier et à partir du 23 février quand commencent les répétitions de Room with a view de Rone.

«Tout tremble, jusqu’aux fixations du faux plafond. Tenir une conversation devient compliqué», écrit l’huissier. «La nouvelle directrice du Châtelet, Ruth Mackenzie est entourée d’une cour qui ne veut pas la contrarier, regrette la propriétaire de l’hôtel. Pour elle et son codirecteur Thomas Lauriot dit Prévost, il n’y aura aucune conséquence. Moi, cela risque de ruiner mon entreprise».

Le «Monsieur Musique» de la mairie est bien venu constater plusieurs fois le problème. Mais le sujet est passé au second plan de la campagne pour les municipales. Depuis plusieurs jours, la propriétaire n’a plus de nouvelles. Sollicitée par Le Figaro, la direction du Théâtre du Châtelet n’a pas souhaité faire de commentaires.

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