Schubert voyage au bout de l’inouï


Les réappropriations de plus en plus nombreuses du Winterreise illustrent la fascination des artistes et des écrivains pour ce cycle de lieder.

La chanteuse Noëmi Waysfeld (à droite) et le pianiste Guillaume de Chassy dans Un voyage d’hiver au Théâtre de l’Athénée.
La chanteuse Noëmi Waysfeld (à droite) et le pianiste Guillaume de Chassy dans Un voyage d’hiver au Théâtre de l’Athénée. Antoine Cirou

Noëmi Waysfeld s’avance. Fait tomber la bâche qui recouvre le piano. Débarrassé de son linceul, tombé avec la légèreté d’une pellicule de neige, le Steinway dévoile son éclatante noirceur. En fond, les mots dits défilent à l’écran. Des gouttes de pluie glissent en larmes sur un visage fantomatique, bientôt remplacées par des formes aux contours gémissants évoquant les silhouettes de Munch. Leur non-dit résonne à nos sens comme une litanie. «Je suis là, dans votre tête, et ne vous lâcherai pas», semble dire la phrase énigmatique du poète Wilhem Müller. «Étranger je suis venu / Étranger je repars». Tout semble énoncé dans ces deux vers, introduction au plus célèbre et au plus inspirant des cycles de lieder de Schubert: son Winterreise .

Ce spectacle, comme le disque, c’est l’histoire d’une fascination commune. La fascination pour un cycle qui nous accompagne tous les deux depuis l’enfance

Noëmi Waysfeld

Ce mois-ci, le «Voyage d’hiver» fait l’objet d’une triple actualité discographique. Trois réappropriations. Celle du Voyager Quartet (Solo Musica, paru le 7 février), tout d’abord. Un ensemble munichois dont l’altiste, Andreas Höricht, a transcrit douze des

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