Naomi Seibt est-elle vraiment l’anti-Greta Thunberg ?


Cette allemande de 19 ans s’est fait remarquer pour ses positions climatosceptiques, défendues sur YouTube, devenant la nouvelle égérie de ceux qui luttent contre la militante suédoise.

Climatosceptique, proche de l’Afd, youtubeuse aux positions controversées… À seulement 19 ans Naomi Seibt fait déjà l’objet de toutes les attentions. Sortie de l’ombre depuis peu, cette Allemande est présentée comme incarnant l’opposition à Greta Thunberg, à laquelle les médias n’ont de cesse de la comparer.  

Excepté leur chevelure blonde et leur position très affirmées malgré leur jeune âge, les deux femmes ont pourtant peu en commun et s’opposent par leurs points de vue radicalement opposés, l’une prônant l’urgence écologique quand l’autre dénonce « l’alarmiste climatique ». Qui est cette nouvelle figure du climatoscepticisme ? 

Une comparaison justifiée avec Greta ?

C’est désormais comme cela que les médias la présentent ainsi que ses principaux soutiens. Une comparaison qu’elle rejette en bloc — cela « suggère que je suis moi-même une marionnette endoctrinée, je suppose, de l’autre côté », affirme-t-elle — mais qu’elle n’hésite pas à reprendre quand cela peut servir sa cause. 

« Je ne veux pas que tu paniques. Je veux que tu penses », a-t-elle déclaré dans une interview paraphrasant sa rivale qui avait, elle, asséné lors du Forum économique mondial de Davos en janvier 2019 : « Je veux que vous paniquiez. Je veux que vous ressentiez la peur que je ressens tous les jours. Et je veux que vous agissiez ».  

Naomi Deibt a également dit ressentir « des frissons » face aux jeunes manifestant tous les vendredis lors des grèves de l’école pour le climat » initiés par Greta Thunberg. « Ils crient et crient et ils sont généralement terrifiés », s’est-elle inquiétée. 

Une proximité avec l’Afd

Un point de vue qu’elle relaye sur sa chaîne Youtube lancée le 24 mai 2019. Et la militante ne se cantonne pas au climat, optant un discours conservateur en de nombreux points similaire à celui du parti d’extrême droite allemand, l’Afd, premier parti d’opposition au parlement. 

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D’autant que, si elle assure ne pas y avoir sa carte, elle n’a pas rechigné à prendre la parole lors d’un événement du parti nationaliste. Autre anecdote illustrant sa proximité avec ce dernier : dans la toute première vidéo de sa chaîne, elle récite un poème destiné à un concours organisé par l’Afd ayant pour thème le « courage en politique » et que la jeune femme a remporté, relève C News.  

Dans ses vidéos, Naomi Deibt évoque aussi l’immigration, l’avortement ou encore le féminisme, soutenant que ce dernier nie la force des femmes en voulant les défendre : « non merci chères féministes, nous ne sommes pas vos victimes », affirme-t-elle en guise de commentaire de l’une de ses prises de parole en ligne, intitulée « #forcesansféministes ».  

Égérie d’un think tank américain

Active sur Youtube, la militante a également eu l’occasion de s’exprimer lors de conférence et son discours semble séduire outre-atlantique. En effet, ses positions qui lui ont valu d’être repéré par le think tank américain Heartland Institute, réputé pour ses positions conservatrices et une proximité avec l’administration Trump. L’un de ses principaux contributeurs est notamment William Happer qui a occupé les fonctions de directeur principal du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche entre entre 2018 et 2019, note le Washington Post, dans un long article consacré à l’Allemande.  

En novembre dernier, alors que celle-ci participe à un groupe de réflexion à Munich, elle est repérée par James Taylor, l’un des dirigeants du think tank. Et ce dernier ne tarde pas à voir en elle la nouvelle égérie du Heartland Institute. Une « star » qu’il a mis en avant lors du « Climate Reality Forum » organisé par le think tank en décembre 2019 à Munich, où se tient au même moment la Cop25. 

Contrer la lutte contre le réchauffement climatique

James Taylor en fait également le visage de sa nouvelle campagne de communication qui remet en question la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique. Naomi Seibt apparaît comme la personnalité toute trouvée pour incarner les positions du think tank. Car si elle ne remet pas en cause le rôle de l’homme, elle estime néanmoins qu’il a été largement exagéré par les scientifiques. « Je ne veux pas que les gens cessent de croire aux changements climatiques d’origine humaine, pas du tout », assure-t-elle avant de s’interroger : « Les émissions de CO2 d’origine humaine ont-elles autant d’impact sur le climat? Je pense que c’est ridicule de croire ». 

Une telle alliée n’est pas sans intérêt pour le think tank qui peut ainsi s’impliquer dans la politique allemande, note encore le Washington Post. Et pour cause, Berlin a donné à sa politique écologique un nouveau souffle en s’engageant dernièrement à diminuer de 55% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à leur niveau de 1990. Et le Heartland Institute voit d’un mauvais oeil cette ambition craignant qu’elle ne s’exporte outre-atlantique.  

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