Au Salon de l’agriculture, Emmanuel Macron a cherché à rassurer les nombreux inquiets


Au premier jour du Salon de l’agriculture, le chef de l’Etat a échangé avec de nombreux professionnels d’un monde agricole en crise.

Entre les vaches et les stands viticoles, Emmanuel Macron a cherché à rassurer les professionnels inquiets ce samedi à l’ouverture du 57e Salon international de l’agriculture (SIA), bousculé par des controverses environnementales et l’échec la veille de négociations européennes cruciales pour les agriculteurs. 

« On attend des messages forts » : à peine arrivé le matin, le président de la République a été abordé par des représentants de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, et des Jeunes Agriculteurs. « Nous attendons de vivre du prix de nos produits. On ne cesse d’être stigmatisés », lui a lancé un agriculteur, un autre évoquant « la colère du monde agricole ». 

« Rien ne doit justifier des actions contre nos paysans, rien. Et je serai intraitable sur le sujet », a assuré Emmanuel Macron en réponse. 

Macron ferme sur la PAC

Interpellé lors de sa déambulation sur moult sujets brûlants – retraites, Politique agricole commune (PAC), pesticides, Gilets jaunes, accords commerciaux internationaux, « agribashing » – il poursuivait, dix heures après son arrivée, son tour des exposants, dûment commencé par un passage obligé auprès de l’égérie du Salon, la vache charolaise baptisée Idéale. 

EN IMAGES >> La première journée agitée du Salon de l’agriculture 

Un agriculteur l’a remercié de n’avoir « rien lâché hier soir » : le chef de l’État est revenu vendredi de Bruxelles, où se négociait le budget de l’Union européenne pour la période 2021-2027, sans accord sur le maintien de l’enveloppe de la PAC dont il a fait sa priorité, car les 27 pays de l’Union n’ont pas pu s’entendre.  

« La PAC ne peut pas être la variable d’ajustement du Brexit », a assuré devant les agriculteurs le président, alors que l’équilibre de la profession repose largement sur les neuf milliards d’aides européennes que touche la France. 

Une compensation pour les viticulteurs

Privés de débouchés rémunérateurs et dépendants d’un acteur tout-puissant, le groupe d’abattoirs Bigard, les éleveurs bovins tentent actuellement de développer leurs exportations, aidés par l’Élysée qui les a soutenus lors du dernier voyage d’Emmanuel Macron en Chine. « Vous êtes dans la main de Bigard (…), vous devez mieux vous organiser entre vous », a lancé le président à des éleveurs.  

Auprès de viticulteurs très inquiets, touchés par des sanctions douanières punitives américaines et qui réclament 300 millions d’euros de compensations pour couvrir le manque à gagner sur leurs exportations aux Etats-Unis, leur premier client, le chef de l’Etat s’est engagé ce samedi à « porter la demande d’un fonds de compensation auprès de l’Union européenne ».  

De même, il a affirmé vouloir « faire en sorte que d’ici le printemps ce fonds de compensation puisse se mettre en place », a rapporté Jérôme Despey, viticulteur et secrétaire général de la FNSEA, après l’entretien de la profession avec Emmanuel Macron.  

Il devait aussi rencontrer des pêcheurs, que le Brexit risque de priver d’une large part de leur gagne-pain. 

Des revenus issus des bandes non cultivées?

Autre sujet d’actualité brûlant pour les agriculteurs, le président a été également interpellé sur les zones de non-traitement (ZNT) aux pesticides près des habitations, effectives depuis le 1er janvier et contestées par nombre d’agriculteurs qui craignent une perte de revenus.  

Il a suggéré que les bandes de terres agricoles non cultivées en raison des interdictions d’épandage puissent à l’avenir être « valorisées », promettant que les agriculteurs seraient « accompagnés » financièrement et s’est engagé à assurer une « sécurité juridique » pour que les prochains semis se fassent « dans un cadre apaisé ». 

« Il nous faut une agriculture forte parce que les Français veulent savoir ce qu’ils mangent. On est dans une transformation historique », a déclaré Emmanuel Macron. « Il y a de l’impatience d’une partie de la société française (…). Mon rôle est de réconcilier tout ça ». 

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