Brexit : Barnier appelle au calme après un tweet accusateur de Downing Street


Le service de presse du Premier ministre britannique s’en est pris au négociateur du Brexit, lui reprochant d’avoir changé sa position sur un accord de libre-échange.

Le négociateur européen sur le Brexit, Michel Barnier, a appelé ce mercredi au « calme » après un tweet de Downing Street l’accusant d’avoir « changé » de position dans les négociations avec le Royaume-Uni sur la future relation, qui a suscité l’agacement dans l’UE. 

« Je n’ai aucune minute et aucun moment à perdre dans des polémiques en ce moment. Je recommande, des deux côtés, qu’on soit calme, qu’on reste calme et qu’on fasse face à la réalité, à la vérité et aux conséquences économiques, sociales, humaines du Brexit », a déclaré Michel Barnier. 

LIRE AUSSI >> Brexit : il faudra parler anglais et être qualifié pour obtenir un visa de travail 

Dans ce tweet de mardi soir, le service de presse de Downing Street interpelle directement le négociateur de la Commission sur le fait qu’il ne semble plus disposé à offrir au Royaume-Uni un accord de libre-échange similaire à celui récemment conclu par l’UE avec le Canada, aux contreparties moins élevées. 

« En 2017, l’UE a montré (…) qu’un accord de libre-échange de type canadien était la seule relation disponible pour le Royaume-Uni. Désormais ils (les responsables européens, ndlr) disent que finalement, ce n’est pas proposé. Qu’est-ce qui a changé, Michel Barnier ? », a interrogé le service de presse du Premier ministre britannique sur Twitter. 

Ce tweet a été reçu « de façon très négative » dans les institutions, selon un responsable de l’UE qui s’exprimait sous le couvert de l’anonymat, le jugeant « profondément fallacieux, malhonnête ». « Il est faux de dire qu’on a changé notre position », a insisté ce responsable. 

Des positions en vue d’un accord qui s’éloignent

Le Royaume-Uni a officiellement quitté l’UE le 31 janvier, entrant dans une période de transition qui doit durer jusqu’à la fin de l’année et pendant laquelle il continuera d’appliquer les normes européennes. Les deux parties ont prévu dans ce laps de temps de négocier un accord de libre-échange.  

Londres et Bruxelles avaient manifesté dans une déclaration commune leur volonté de conclure un partenariat « ambitieux », sans droits de douane, ni quotas. Mais au fur et à mesure qu’elles se précisent, leurs positions dans les négociations s’éloignent. 

LIRE AUSSI >> La vraie victime du Brexit, c’est l’Europe 

Craignant la concurrence déloyale du Royaume-Uni, les Européens réclament, en échange d’un « accès sans précédent » à leur marché, que Londres continue de respecter certaines de leurs règles, en particulier en matière d’aides d’État, d’environnement, de droit du travail et de fiscalité. Une demande inédite dans le cadre d’un accord de libre-échange, qui s’explique par la proximité géographique et la forte intégration économique du Royaume-Uni au continent. 

Mais ce pays, qui veut reprendre le contrôle total de son économie, se dit quant à lui prêt à conclure un accord beaucoup plus limité, du type de ceux conclus par l’UE avec le Canada, le Japon ou la Corée du Sud. 

« Downing Street oublie que chaque accord de libre-échange est différent. L’accord avec le Canada n’est pas le même que celui avec le Japon. Tout dépend de la distance », explique une source européenne. « Les importations (dans l’UE) du Canada, du Japon et de la Corée du Sud ensemble, ça reste inférieur aux importations du Royaume-Uni », rappelle-t-elle. Les premières discussions entre Londres et Bruxelles devraient commencer début mars. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*