Des chorégraphes de premier plan ont réclamé mercredi la réintégration de Yorgos Loukos, le directeur du ballet de l’Opéra de Lyon condamné pour discrimination, menaçant dans une tribune publiée dans Libération de retirer leurs œuvres du répertoire de l’institution.
Début février, un conseil d’administration extraordinaire de l’Opéra a voté le licenciement du chorégraphe, condamné en décembre en appel pour avoir demandé le non-renouvellement du contrat d’une danseuse à son retour de congé maternité. La danseuse Julie Guibert avait alors été nommée à sa place.
Dans le texte publié dans Libération, des dizaines d’artistes dont les chorégraphes William Forsythe, Mats Ek, Jiri Kylian, Maguy Marin ou Benjamin Millepied, l’ex danseuse étoile Sylvie Guillem, ou encore le metteur en scène Robert Wilson et la comédienne Isabelle Huppert, apportent leur soutien à celui qui a été directeur du ballet pendant 33 ans.
Ils insistent notamment sur le fait que «huit danseuses sur seize sont actuellement mères d’un ou plusieurs enfants» et «que c’est plus de 25 danseuses qui furent dans ce cas au cours des années passées».
«Décision arbitraire et incompréhensible»
«Plusieurs d’entre elles se sont vus attribuer un CDI après la naissance de leur premier enfant. Chose que réclamait la plaignante, mais qui ne lui avait pas été accordée pour des raisons artistiques n’ayant rien à voir avec une quelconque discrimination», assurent-ils.
Dénonçant la «décision arbitraire et incompréhensible» du conseil d’administration, les signataires réclament que tous les travailleurs du ballet de l’Opéra de Lyon soient consultés.
«Si comme nous le pensons, la majorité des danseurs du Ballet vote en sa faveur, Yorgos Loukos doit pouvoir achever sa mission» et «si cette demande n’était pas entendue, il est à craindre que les chorégraphes signataires n’auraient d’autres solutions que de retirer leurs œuvres du répertoire du Ballet de l’Opéra national de Lyon».
En 2014, Karline Marion, 34 ans, en CDD à l’Opéra de Lyon depuis cinq ans, s’était vu notifier par lettre le non-renouvellement de son contrat, deux jours après son retour de congé maternité. Auprès de la ville de Lyon qui engage les danseurs, Yorgos Loukos avait mis en avant sa «faiblesse physique et stylistique» et un «style trop classique».
Lors d’un entretien quelques jours plus tard, enregistré par la danseuse, Yorgos Loukos expliquait: «Si entre 29 et 34 ans, tu as fait pas mal, mais pas beaucoup, c’est pas entre 35 et 40 que tu vas faire plus, en plus avec un enfant».
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