Christophe Castaner et Olivier Faure : d’une solide amitié à une rivalité assumée


Le ministre de l’Intérieur et le patron du Parti socialiste n’hésitent plus à dévoiler publiquement leurs anecdotes personnelles afin de se décrédibiliser mutuellement.

C’est une relation qui n’en finit plus de se détériorer. Autrefois soudés au sein du Parti socialiste, Christophe Castaner et Olivier Faure se tirent aujourd’hui dans les pattes… Et tous les coups semblent désormais permis.  

Le ministre de l’Intérieur et le premier secrétaire du PS n’hésitent plus à déballer en public les anecdotes qu’ils détiennent sur leurs vies personnelles respectives, provoquant même l’indignation de nombreux responsables politiques.  

« J’ai été surpris d’entendre Olivier Faure, que je connais bien et que j’ai accompagné dans ses divorces et ses séparations. J’ai été étonné de ses leçons de morale », a ainsi affirmé Christophe Castaner ce mercredi sur France Inter, réagissant aux propos du patron du PS, qui avait dénoncé la veille « la légèreté incroyable » de Benjamin Griveaux, contraint de retirer sa candidature à la mairie de Paris après la diffusion de vidéos à caractère sexuel sur les réseaux sociaux.  

« Ligne rouge » et « faute grave »

Des propos qui ont eu du mal à passer chez Olivier Faure, qui a annoncé dans la foulée une conférence de presse à l’Assemblée Nationale. Devant une dizaine de journalistes, ce dernier a alors déclaré qu’une « ligne rouge » avait été franchie.  

« Le fait pour un ministre de l’Intérieur de chercher à intimider l’un des dirigeants de l’opposition, en ayant recours à des insinuations relevant de sa vie privée, est une atteinte au fondement de la démocratie », a-t-il ajouté, accusant même Christophe Castaner d’une « faute grave ».  

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« Il appartient au président de la République, garant de nos institutions, de convoquer le ministre de l’Intérieur dans les meilleurs délais et d’en tirer les conséquences », a souligné Olivier Faure. Une prise de position ferme, qui trahit les distances prises entre les anciens amis, qui ont pourtant fait leurs classes politiques ensemble au Parti socialiste, au sein de « la génération Rocard ».  

Bons amis au sein du PS

Comme le rappelle Le Monde, les deux hommes se connaissent plutôt bien. Accompagnés de Benoît Hamon, ils ont en effet partagé pendant longtemps la même approche sociale-démocrate de la politique.  

Entre 2012 et 2014, ils firent même partie du petit groupe de députés ayant leurs entrées à Matignon, chargés par le premier Ministre de l’époque, Jean-Marc Ayrault, de mobiliser ses soutiens à l’Assemblée nationale. « Olivier, plus intello et proche d’Ayrault, avait le lead, Castaner était un peu sa petite main », confie à L’Opinion un ancien de Matignon.  

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Les anciens rocardiens sont soudés. En 2015, Olivier Faure défend la candidature de Christophe Castaner en tête de liste PS de la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur. L’actuel ministre de l’Intérieur lui renvoie l’ascenseur en 2016, lorsqu’il vote pour son ami pour présider le groupe PS à l’Assemblée Nationale.  

Mais en parallèle, sous le quinquennat de François Hollande, les relations se tendent, sur fonds de désaccord politique. L’ancien maire de Forcalquier finit par rompre avec le Parti socialiste pour rejoindre le mouvement En Marche ! d’Emmanuel Macron, avant l’élection présidentielle de 2017. 

Gérer le maintien de l’ordre « entre deux verres »

Les anciens amis, devenus adversaires politiques, ne s’épargnent aucun coup bas. En mars 2019, les magazines Voici et Closer publient des photos embarrassantes du ministre de l’Intérieur embrassant une jeune femme lors d’une soirée dans une boîte de nuit parisienne, en plein mouvement des gilets jaunes. La réaction d’Olivier Faure ne se fait pas attendre : quelques jours après, le patron du PS tacle Christophe Castaner sur Europe 1, lui reprochant de gérer « entre deux verres » le maintien de l’ordre.  

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« Quand on est ministre de l’Intérieur, on est 24 heures sur 24 au service de la République. Imaginez qu’à l’heure où il était en boîte de nuit, il y ait eu un attentat. Imaginez qu’on l’ait retrouvé à moitié saoul. Il y a quand même une dignité à assumer jour et nuit », lâche-t-il alors.  

« La vie politique a pris un tournant inquiétant »

Une relation tendue qui connaît donc un nouvel épisode ce mercredi. « La vie publique exige de la probité, de la dignité et le respect de l’État de droit. Depuis quelques jours, la vie politique a pris un tournant inquiétant », a indiqué le député de Seine-et-Marne lors de sa conférence de presse. 

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Plus tôt dans la journée, Christophe Castaner avait tenté d’éteindre l’incendie, en adressant directement un message à Olivier Faure sur Twitter. 

« Cher @faureolivier, il n’y avait ni menace ni attaque personnelle dans mon propos. Nous nous connaissons depuis assez longtemps pour savoir l’un et l’autre que la vie n’est pas linéaire. Et nous y avons quelques fois fait face ensemble ». Un message public pour l’instant resté sans réponse. 

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