Après une année record en 2019, l’inquiétante chute des cinémas en janvier


L’un des pires mois pour les cinémas de l’Hexagone depuis dix ans. En janvier 2020, la fréquentation des salles françaises a atteint les 14,4 millions d’entrées, selon les chiffres du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Soit un recul de 21,3% en un an: en janvier 2019, les établissements français comptabilisaient 18,2 millions d’entrées.

Le score réalisé le mois dernier se situe par ailleurs en dessous de la moyenne de la dernière décennie pour un mois de janvier, qui est de 16,8 millions d’entrées. Faut-il y voir la menace des téléchargements et de l’émergence croissante de plateformes de vidéos à la demande comme Netflix? Ou un désintérêt des spectateurs pour les salles obscures?

En réalité, ce chiffre alarmant est tout d’abord à mettre sur le compte de la grève qui a touché le pays depuis le 5 décembre et qui s’est poursuivie en janvier 2020. Mais cela ne suffit pas à expliquer cette soudaine désaffection du public français pour le grand écran. En décembre, alors que la grève se montrait particulièrement virulente, les cinémas français réalisaient leur meilleur score de l’année avec 22,68 millions d’entrées.

Les films français à la traîne

Cette baisse de la fréquentation peut également s’expliquer par la faible offre de films grand public proposée en janvier, et qui auraient été susceptibles de réaliser de bons scores. En décembre en revanche, les salles obscures pouvaient compter sur la présence des colosses Star Wars: L’Ascension de Skywalker, La Reine des Neiges 2, Jumanji: Next Level.

Le succès de ces films a moins «débordé» sur janvier 2020 que celui des blockbusters de l’hiver précédent. «Cela ne veut pas dire qu’ils ont fait moins d’entrées mais que celles-ci ont été davantage réparties sur la fin de l’année. En 2020, il y a moins de suite sur les entrées des films sortis à la fin de l’année», analyse Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF).

La piètre performance des films français durant cette période est aussi un facteur non négligeable. Ainsi, seuls deux longs-métrages nationaux sont présents dans le top 10 des premiers films en janvier 2020: Les Vétos (7e position) et Les Misérables (9e place). En 2019, à la même période, ils étaient quatre à figurer au même classement (Les Invisibles 3e, Astérix: Le secret de la potion magique 4e, Mia et le lion blanc 6e, et Edmond 10e).

Les films américains prennent ainsi le pas sur les films français en janvier 2020, avec la présence de deux blockbusters au box-office français: le triplement oscarisé 1917 et le troisième volet de la saga Bad Boys portée par Will Smith et Martin Lawrence. En janvier, les parts de marché des films français ont diminué de 12,3 points par rapport à 2019 ; celles des films américains ont au contraire augmenté de 15,5 points.

Ce recul ne serait toutefois pas représentatif d’une baisse générale de la fréquentation des cinémas. En 2019, les salles françaises ont ainsi connu leur meilleure année depuis 53 ans, avec 213,3 millions d’entrées. Le mois de janvier 2019 a également été exceptionnel, et le plus élevé de la décennie, grâce à de gros succès comme Creed II, Aquaman, Les Invisibles et Astérix: Le secret de la potion magique. La météo clémente de janvier dernier a également moins incité les spectateurs à aller au cinéma. Autant d’éléments qui semblent rassurer les professionnels sur la contre-performance enregistrée en ce début 2020. «On sort d’une année très positive. Le record de l’année dernière n’est pas le genre de record que l’on peut battre tous les ans», observe Marc-Olivier Sebbag.

Le délégué général reste optimiste sur les mois à venir. «On aborde l’année 2020 avec sérénité», confie-t-il avant de rappeler que les sorties de James Bond: No Time To Die (8 avril), Kaamelott (29 juillet), Les Minions 2 (8 juillet) devraient permettre de rétablir ce début d’année mitigé, «plus tous les films qui auront un succès imprévu». Après un démarrage «catastrophique» en février, les cinémas français commencent déjà à redresser la barre avec l’arrivée des vacances scolaires. Le grand écran n’a pas dit son dernier mot.

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