Lors d’un déplacement attendu à Mulhouse, le président de la République a annoncé une série de mesures pour lutter contre « le séparatisme islamiste ».
C’est un dossier sensible, très attendu à l’approche des élections municipales : Emmanuel Macron s’est rendu ce mardi à Mulhouse, pour annoncer ses premières mesures contre le « séparatisme islamiste ».
Après avoir commencé la journée en affirmant que cette lutte n’était pas dirigée contre les musulmans, le chef de l’État a détaillé mardi soir plusieurs annonces de son plan contre « l’islam politique », dont il a affirmé « qu’il n’avait pas sa place en France ».
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« Notre ennemi est le séparatisme », mais « faire un plan contre l’islam serait une faute profonde », a commencé Macron. « Le séparatisme islamiste est incompatible avec la liberté et l’égalité, incompatible avec l’indivisibilité de la République et la nécessaire unité de la nation », a-t-il ajouté dans son discours, devant des responsables locaux et des habitants du quartier de Bourtzwiller.
Fin progressive de l’accueil des « imams détachés »
Parmi les mesures « fortes » préparées depuis plusieurs mois par le gouvernement, le chef de l’État a annoncé vouloir mettre fin progressivement aux « imams détachés » envoyés par d’autres pays, comme la Turquie et l’Algérie, en augmentant parallèlement le nombre d’imams formés en France.
Il a dans ce sens demandé au Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) de « s’organiser, de former et de certifier ceux qui prédiquent au nom de l’islam de France ».
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Pour satisfaire aux besoins en imams des mosquées, la France accueille ces « imams détachés » provenant d’autres pays et financés par eux, dans le cadre d’accords bilatéraux. On en compte ainsi environ 300 permanents, dont 150 proviennent de la Turquie, 120 de l’Algérie et une trentaine du Maroc, les principaux pays d’origine des 4 à 5 millions de musulmans en France.
Ces religieux forment une petite partie du nombre d’imams en France – souvent bénévoles voire itinérants – officiant dans les 2500 lieux de culte musulmans. Ce nombre n’est pas précisément connu mais est estimé à environ 1800 imams. Outre ces 300 imams, Emmanuel Macron a également indiqué que l’accueil des 300 « psalmodieurs », reçus chaque année pendant la période du ramadan, prendra fin.
Un « meilleur contrôle » du financement étranger
Dans le cadre de sa lutte contre « le séparatisme islamiste », le président de la République a également promis des « mesures fortes » afin de « mieux contrôler les financements étrangers des lieux de culte et pour garantir leur pleine transparence », relate le Journal du Dimanche. Emmanuel Macron souhaite ainsi savoir « d’où vient l’argent, qui le touche, pour quoi faire ».
Fin des Enseignements en langue et culture d’origine
Concernant les Enseignements en langue et culture d’origine (Elco), qui concernent aujourd’hui 80 000 élèves selon Emmanuel Macron, ils seront supprimés « sur le sol de la République » à partir de la rentrée de septembre 2020, a indiqué le chef de l’État. Ils seront ensuite remplacés par « des enseignements internationaux, contrôlés cette fois-ci par l’Éducation nationale ».
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Ces fameux enseignements concernent aujourd’hui neuf pays : l’Algérie, la Croatie, l’Espagne, l’Italie, le Maroc, le Portugal, la Serbie, la Tunisie et la Turquie. Mis en oeuvre sur la base d’accords bilatéraux prenant appui sur une directive européenne datant du 25 juillet 1977, leur objectif était jusqu’à présent de soutenir la scolarisation des enfants de travailleurs migrants.
Pour l’instant, seule la Turquie a refusé cette mesure, a précisé Emmanuel Macron. Pour répondre à ce refus, le chef de l’État a menacé de supprimer l’enseignement du turc sur le territoire. « Je veux ici saluer le travail exemplaire que j’ai pu avoir avec le roi du Maroc ou le président algérien » sur « une capacité à bâtir des solutions en matière éducative et religieuse », a-t-il déclaré.
« Je pense que la Turquie a aujourd’hui le choix de suivre ce chemin avec nous », a-t-il ajouté. « Mais je ne laisserai aucun pays étranger nourrir, sur le sol de la République, un séparatisme, qu’il soit religieux, politique ou identitaire ».