Le négociateur en chef de l’UE sur le Brexit, Michel Barnier, a mis en garde Londres mardi contre toute «illusion» sur la place des services financiers dans la future relation entre le Royaume-Uni et le continent, que les deux parties vont négocier cette année.
Pour rappel, après le Brexit, les entreprises britanniques perdront de facto le «passeport» qui leur permet d’opérer librement sur les marchés financiers du continent. Initialement, à Londres, les spécialistes se montraient confiants, estimant que le pays aurait droit à un régime spécial pour les services financiers. La «City»concentre en effet plus de 78 % des activités des marchés de capitaux et de l’investissement bancaire en Europe.
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Bruxelles veut garder le contrôle
Mais la Commission européenne ne l’entend pas de cette oreille. Dans un bilan publié en juillet dernier, l’exécutif européen rappelait déjà que le régime des équivalences – qui permet à des services financiers de pays tiers (fonds de pension, assurances, banques) d’avoir directement accès au marché européen – n’avait rien d’automatique, au contraire. La Commission dispose en effet de pouvoirs «discrétionnaires» pour octroyer ou retirer, au cas par cas, ces autorisations.
C’est ce que Michel Barnier a rappelé ce mardi matin, en expliquant devant les eurodéputés réunis à Strasbourg qu’«il n’y aura pas d’équivalence générale, globale ou permanente sur les services financiers». «Et il n’y aura pas non plus de cogestion d’équivalence financière avec le Royaume-Uni. Nous garderons la maîtrise de ces outils et nous garderons l’autonomie de décision», a-t-il insisté.
«Il n’y aura pas de négociation à proprement parler sur les services financiers», a cependant rappelé Michel Barnier. «Nous allons utiliser la boîte à outil des équivalences (…) Nous ne négocions pas sur ces sujets avec le Royaume-Uni: nous vérifions la cohérence et quand nous le jugeons possible, nous donnons des équivalences sur tel ou tel secteur de l’industrie financière», a-t-il poursuivi. Ce système fonctionne déjà avec le Canada, les États-Unis et le Japon. «Je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas avec le Royaume-Uni», a-t-il ajouté.
La City s’attend à des négociations «difficiles»
De son côté, le ministre britannique des Finances Sajid Javid a promis mardi de dévoiler au printemps sa stratégie post-Brexit pour les services financiers, avec l’idée de bâtir une «relation durable» avec l’UE. Il a aussi rappelé que la sortie de l’UE était pour le Royaume-Uni une occasion de reprendre le contrôle de la réglementation sur les services financiers, laissant planer le doute sur les intentions du gouvernement.
La semaine dernière, lors d’un point presse, la City de Londres avait dit s’attendre à des négociations post-Brexit «difficiles». Elle estimait toutefois possible un accord permettant d’accéder largement au marché européen.