les dépositions s’achèvent sans le témoignage de l’ex-producteur accusé de viols


L’ex-producteur Harvey Weinstein arrive au tribunal de Manhattan, lundi 10 février.
L’ex-producteur Harvey Weinstein arrive au tribunal de Manhattan, lundi 10 février. JOHANNES EISELE / AFP

Soudain, mardi 11 février dans la matinée, les avocats d’Harvey Weinstein ont été pris de frayeur. Ils ont demandé une suspension de séance, puis se sont isolés dans une petite salle adjacente avec leur client. « Je veux raconter mon histoire, j’ai quelque chose à dire », leur confie l’ancien producteur, jugé depuis début janvier par le tribunal de Manhattan, à New York, pour viols et agressions sexuelles.

Témoigner ! C’est la pire des choses à faire, estime la défense. Dans la procédure américaine, cela ouvre la porte à un contre-interrogatoire du parquet. Sans compter que l’accusé peut citer des protagonistes qui pourront éventuellement être appelés à la barre. Beaucoup trop risqué, alors que le procès ne se passe pas si mal, l’accusation ayant été incapable de prouver la culpabilité du mogul déchu « au-delà d’un doute raisonnable », veulent croire ses avocats.

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Retour dans la salle d’audience, au bout d’une demi-heure, à 11 h 20. Harvey Weinstein ne témoignera pas.

« C’est exact M. Weinstein ?, demande le juge James Burke qui préside le procès.

– Oui, c’est exact », répond-il.

Les délibérations « s’annoncent compliquées »

Ce choix met un terme aux dépositions. Jeudi, l’avocate de la défense, Donna Rotunno fera ses ultimes plaidoiries, tandis que le lendemain, la procureure Joan Illuzzi tentera de convaincre les douze jurés – sept hommes, cinq femmes — de la culpabilité du prévenu. Leurs délibérations commenceront mardi 18 février et, comme l’écrit avec prudence l’Agence France-Presse (AFP), elles « s’annoncent compliquées ». Vocable scrupuleux qui reflète la perplexité ressentie à l’issue de ce procès. M. Weinstein encourt la perpétuité.

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On a entendu les témoignages poignants, crus, épouvantables des deux plaignantes principales, Mimi Haleyi et Jessica Mann, qui accusent l’ancien roi d’Hollywood de cunnilingus forcé et de viol. Mais on a aussi observé des failles et écouté les témoignages à décharge. « Dans ces deux cas, la notion clé de consentement s’avère plus floue que dans la plupart des procès pour agression sexuelle, selon les experts en droit interrogés par l’AFP. Les deux femmes ont en effet reconnu devant les jurés avoir eu avec M. Weinstein au moins un rapport sexuel consenti après l’agression supposée. »

Si l’on rapporte nos confrères, c’est en quelque sorte pour préparer le terrain. Tout semble possible à l’issue de ce procès – une condamnation, un jury incapable de s’entendre à l’unanimité, ce qui pourrait entraîner un second procès, voire, cas extrême, un acquittement. Ce n’est pas la justice américaine qui serait en cause, mais la complexité des cas produits par le parquet. Si plus de 90 femmes ont accusé M. Weinstein d’agressions sexuelles, ce procès n’est pas le leur, en raison notamment de la prescription des faits ou de la complexité à apporter des preuves. L’audience s’est concentrée sur le parcours de deux femmes. Deux jeunes actrices qui rêvaient d’Hollywood et sont tombées dans les griffes du producteur.

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